"Isoler, faire payer et exproprier": le plan d'Emmanuel Macron contre les marchands de sommeil

Après la sécurité et l'école, Emmanuel Macron était sur le front du logement ce mercredi à Marseille. Il s'est rendu à la cité Benza, une copropriété très dégradée dans l’est marseillais.
Ici, un millier d’habitants vivent au milieu des rats et des cafards, dans cette copropriété endettée à hauteur de 2,5 millions d’euros, placée depuis 2017 sous administrateur judiciaire. "Mon propriétaire est un fantôme, je ne l'ai jamais vu, jamais rencontré", raconte à RMC Samira, mère de cinq enfants. "Quand je veux payer le loyer, c'est un homme qui vient chercher les sous en liquide et qui repart".
"On ne vit pas dans ce quartier, on survit"
Pour elle, ce genre de propriétaire porte un nom: "C'est un marchand de sommeil. Les vitres sont cassées, je lui demande de venir réparer, il s'en fout. J'ai les toilettes bouchées, la salle de bain bouchée. Tant qu'il reçoit le loyer, le reste il s'en fout. On ne vit pas dans ce quartier, on survit", alerte-t-elle.
Les marchands de sommeil, ce sont les premiers responsables de la dégradation de ces copropriétés pour Lionel Royer-Perreault, député Renaissance de la circonscription, qui demande des mesures radicales: "Il faut déroger au droit commun et exproprier les marchands de sommeil. Ce sont eux qui prennent l'argent aux locataires et ne paient pas leurs charges, ce qui fait qu'on n'arrive pas à faire les travaux", assure l'élu.
Vers des nationalisations de copropriétés?
Un appel entendu par le président de la République Emmanuel Macron. Sur place ce mercredi, le chef de l'Etat a annoncé son souhait de lutter contre les marchands de sommeil. "La loi protège trop les intérêts de ceux qui ne jouent pas le jeu. On va prendre des dispositions pour aider ceux qui vivent dans ces situations et accélérer les travaux d'urgence et faire en sorte d'exproprier plus rapidement les mauvais payeurs", a-t-il lancé.
Selon Emmanuel Macron, ce sont "moins d'un tiers des propriétaires" qui sont responsables de la situation désastreuse de la cité Benza. "Il faut les isoler, faire payer ceux qu'on peut et les exproprier. On va changer la loi pour régler ces situations", a ajouté Emmanuel Macron, évoquant le lancement de onze opérations spécifiques à Marseille pour "nationaliser" des copropriétés, en expropriant et en relogeant les "victimes de cette situation".
Le président de la République estime qu'il faut parfois jusqu'à 15 ans pour inverser le processus de dégradation d'une copropriété. Il veut faire passer ce délai à 24 mois maximum.