"J’ai pété un câble intérieurement": il a quitté son "bullshit job" et parodie désormais le monde du travail

En ce jour de grève où beaucoup choisissent le télétravail, l’homme du jour est Clovis Henriot. Mais sur les réseaux sociaux, il est surtout connu sous le pseudonyme de Télétravailleur.
"Ce que je fais dans la vie ? Probablement le contraire de ce qu’on attendait de moi." Voilà comment il se présente en ligne. Un ton ironique qui lui colle à la peau depuis qu’il a quitté le secteur bancaire.
Bac+5, grande banque...
Car, au départ, Clovis avait tout pour mener une carrière classique : Sciences Po, un master d’analyste financier, un CDI dans une grande banque. Tout le monde estimait qu’il était bien installé. Tout le monde, sauf lui. Chaque jour, il se demandait à quoi rimait ce travail qui consistait à remplir des tableaux Excel que personne ne consultait. "Moi, j’ai pété un câble intérieurement. Je me suis dit : ce n’est pas possible, ça va durer encore 30 ans comme ça !" Finalement, ça n’aura duré "que" dix ans.
Clovis avait pourtant de bonnes raisons de rester. À 35 ans, il explique qu’il voulait très tôt fonder une famille et que le salariat offrait une sécurité. D’autant qu’il avait vu ses parents entreprendre, réussir, puis échouer. Alors, pour lui, un CDI paraissait plus sûr. Mais l’ennui a fini par l’emporter.
Il a commencé, en parallèle de son emploi, à tourner des vidéos où il caricaturait le monde du travail : réunions absurdes, jargon creux, fatigue permanente. "Pfff… encore une réunion pour changer le monde un lundi matin à 9 heures… Je suis peut-être mauvais, mais voir vos têtes alors que je suis mentalement au fond de mon lit et psychiquement au bord du gouffre, ça promet encore une grande semaine…"
Les RH n'ont pas apprécié ses vidéos
Ces vidéos lui servaient d’exutoire. Son salaire lui assurait une stabilité, et ses créations, une soupape de liberté. Sauf que sa hiérarchie a fini par tomber dessus. Les ressources humaines n’ont pas vraiment apprécié. Ironie de l’histoire : ce coup dur a sans doute été son meilleur tremplin.
Clovis a alors sauté le pas et s’est lancé à plein temps dans la création de contenu. Sous le nom de Télétravailleur, il a bâti un univers comique autour des clichés du télétravail, entre enfants turbulents et visioconférences surréalistes.
"Il y a pas mal de bruit autour de vous, qu’est-ce qui se passe ? Je ne sais pas, sans doute des enfants qui jouent, j’ai laissé la fenêtre ouverte. Excusez-moi une seconde… Les enfants ! On se tait s’il vous plaît ! Papa n’est pas en vacances, il est en télétravail !"
Aujourd’hui, Clovis Henriot recrée en fiction les scènes qu’il détestait vivre en vrai. Et ça marche : il rassemble désormais plus de 400.000 abonnés sur ses réseaux. Grâce à eux, il n’est plus jamais seul au travail.