"Je n’annule pas du Godard": après des bagarres, un maire suspend la diffusion de Creed 3 au cinéma
Creed 3 inspire les spectateurs. Mais pas forcément de la bonne manière. De nombreuses bagarres ont émaillé les séances de cinéma du 9e opus de la série Rocky, qui raconte l'histoire d'un boxeur. Face aux débordements, le maire de Cogolin, dans le Var, a fait un choix radical. Marc-Étienne Lansade a pris un arrêté pour interdire, pendant quinze jours, la diffusion de Creed 3, dans les cinémas de la ville de 12.000 habitants.
"Dans la salle, il y a eu des jets de confiseries, des insultes, le film n'était pas regardable", raconte l'élu dans "Les Grandes Gueules" ce jeudi sur RMC et RMC Story. "Le projectionniste a mis un terme à la séance. Quelqu'un de très calme et conciliant a eu maille à partir avec cinq, six personnes et a été attrapé et roué de coups à la sortie du cinéma", explique Marc-Etienne Lansade.
Des bagarres provoquées pour les réseaux sociaux?
"J'ai cru comprendre qu'il y avait une sorte de jeu sur les réseaux sociaux", croit savoir le maire. L’objectif de ces jeunes serait de provoquer le plus d’incidents possibles lors des séances pour les filmer et ainsi engranger un maximum de "vues" sur le réseau Tiktok, alors que plus d’un million de spectateurs français ont déjà été voir le film.
Si à Cogolin, la police municipale n'est pas intervenue, Marc-Étienne Lansade estime que c'est parce qu'elle n'est jamais suivie par la justice et que les contrevenants ne s'exposent jamais à des poursuites judiciaires. "On ne peut pas mettre un terme à la délinquance, donc on est forcé de prendre des mesures préventives", assure le soutien d'Eric Zemmour à la présidentielle.
"Vous donnez raison à une minorité de débiles"
Et il n'a aucun regret, estimant ne pas avoir "l'impression d'annuler du Godard" (Jean-Luc Godard, cinéaste franco-suisse, ndlr), décrivant Creed 3 comme "un navet américain". À ce sujet, Olivier Truchot note que Creed 3, "c'est moins chiant que du Godard". "Ça s'appelle de la démission et du renoncement", estime de son côté le prof d'histoire-géo Kevin Bossuet. "Vous donnez raison à une minorité de débiles contre une majorité qui voudrait avoir l'opportunité d'aller voir ce film", lance-t-il au maire.
Pour endiguer le phénomène, l'enseignant plaide pour la mise en place d'un fichier d'interdits de cinéma: "Il faut des sanctions exemplaires contre ceux qui mettent la pagaille dans nos salles de cinéma. On a bien des interdictions de stade, pourquoi n'y a-t-il pas des interdictions de cinéma pour ceux qui font n'importe quoi?", s'interroge-t-il, ignorant sûrement la logistique en place dans la sécurité et les interdictions de stade.