RMC

"Je n'étais plus qu'une paire de seins": plusieurs plaintes pour harcèlement déposées sur une base militaire de Lorraine

TÉMOIGNAGES RMC - Deux anciens militaires de la base ont accepté de témoigner.

Ils sont militaires de tous les grades, hommes, femmes, pilote d'avion ou simple militaire. Ils ont été victimes d'harcèlements moral, de bizutage, sur la base militaire aérienne d’Ochey, près de Nancy en Lorraine. Au total, ce sont cinq plaintes pour "harcèlement moral" ont ainsi été déposées au parquet de Metz. 

Certains membres de l'escadron sont accusés par des militaires de pousser les nouveaux arrivants à des actes dégradants.

"Pour mon premier jour, explique l'un d'entre eux, on a arraché mon uniforme sur le stade et on a essayé d’arracher mon caleçon devant à peu près une centaine de personnes". "Le premier jour, un navigateur m’a interpellée pour me demander si c’était moi la nouvelle pute. Je n’étais plus qu’une paire de seins, raconte-t-elle. On m’a demandé d’aller en bout de piste pour faire plaisir au personnel naviguant".

"La hiérarchie était au courant"

Elle témoigne de bizutages incessants au milieu de beuveries. Certains se retrouvent crucifiés et enduits d’huile moteur, d’autres doivent se rouler dans des excréments.

"La hiérarchie était au courant. On a rapporté ces éléments qui sont graves et illégaux. Ils ont essayé d’enterrer les histoires".

"Mon travail principal était de gérer les futs de bière ou l'approvisionnement des chips"

Paul, lui, était pilote de chasse sur la base jusqu’en 2018. Il se fait harceler, bizuter, on lui reproche de ne pas jouer le jeu, on le lui fait payer en l’empêchant de voler. Une atteinte à sa personne qui, pour lui, a des conséquences plus grave sur la sécurité nationale.

"Mon travail principal était de gérer des futs de bières, l’approvisionnement des chips et ça passait même sur la priorité du vol. Les pilotes, pour être opérationnel et très efficace, il faut qu’ils se concentrent sur leur unique mission, qui et de faire la guerre et non de repeindre le bâtiment ou de faire les plafonds ou les poubelles".

En déposant plainte, les deux militaires espèrent changer les mentalités sur cette base. Contacté, le ministère des armées n’a pas souhaité apporter de commentaire.

Maxime Levy (avec Maxime Trouleau)