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La démission de François de Rugy est-elle justifiée ou s’agit-il d’un "lynchage médiatique"?

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Alors que Médiapart s’apprêtait à sortir de nouvelles révélations concernant la défiscalisation de ses indemnités de frais de mandat, le ministre de l’Ecologie a choisi de quitter le gouvernement, en pleine séance de questions à l’Assemblée nationale. Dans un communiqué, François de Rugy annonce qu’il dépose plainte pour diffamation et dénonce un "lynchage médiatique". Ca fait débat sur RMC.

Après une semaine de polémiques autour de repas fastueux lorsqu'il présidait l'Assemblée, François de Rugy a annoncé mardi sa démission du ministère de l'Ecologie, dénonçant un "lynchage médiatique.

"Depuis le début, Médiapart m’attaque sur la base de photos volées, de ragots, d’approximations, d’éléments extérieurs à ma fonction", écrit ainsi François de Rugy sur Facebook. "La volonté de nuire, de salir, de démolir, ne fait pas de doute".

La veille, Emmanuel Macron ne sous-entendait pas autre chose. Depuis la Serbie, il indiquait ne pas vouloir prendre de décision sur des révélations, parlait de "République de la délation". 

Des propos anti-démocratiques, inacceptables de la part d’un chef d’Etat selon Edwy Plenel, président de Mediapart, qui se défend de ne faire que son métier: informer.

Et c’est bien normal pour Sébastien Chenu, député du Rassemblement national:

"François de Rugy s'est pris les pieds dans le tapis à cause de mauvaises pratiques, des maladresses qui ont choqué l'opinion publique. Au moment où l'on demande aux Français de se serrer la ceinture, et bien, on ne peut pas déguster des bouteilles de vin à 500 euros ou des homards géants. Au moment où l'on demande aux députés de justifier au centime près leurs dépenses, le premier d'entre eux ne peut pas avoir des comportements qui manquent à ce point-là de sobriété". 

Dans de nouvelles révélations, mardi, Mediapart expliquait comment, pendant 2 ans, en 2013 et 2014, le député de Rugy avait utilisé ses indemnités de frais de mandat pour financer son parti, ce qui était déjà à l’époque fortement déconseillé. Et surtout comment il avait fait défiscaliser cette somme, 9.200€, ce qui est là est carrément illégal.

François de Rugy se compare à Pierre Bérégovoy

Selon la porte-parole du gouvernement, la démission de François de Rugy est une décision personnelle, qui lui permettra de se défendre. A sa connaissance, aucune pratique n’a été contraire à la justice. Un sentiment partagé par le député La République en Marche Bruno Questel, qui dénonce un "emballement médiatique".

"Je n'imagine pas une seconde qu'il soit établi des faits délictueux qui devraient entraîner une condamnation de quelques natures que ce soit. François de Rugy a pris une décision sur la simple base de photos, dont l'essentiel était volé, d'annonces faites par Mediapart, qui est un site de journalistes libres et indépendants, certes, mais qui plus souvent qu'à son tour, s'est vu condamner pour diffamation ou autres. Donc il faut ramener tout cela à sa juste valeur" insiste-t-il.

Sur les réseaux sociaux, mardi soir, François de Rugy s'est comparé à Pierre Bérégovoy en évoquant les "mots" de François Mitterrand à l'égard de son ancien Premier ministre "livré aux chiens": "Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous".

Le 1er mai 1993, le long d'un canal de la Nièvre, Pierre Bérégovoy, 67 ans, alors député, s'est donné la mort sans laisser un mot d'explication. Militant autodidacte issu du syndicalisme, devenu Premier ministre de François Mitterrand (avril 1992 - mars 1993), il a mis fin à ses jours alors que des suspicions de corruption pesaient sur lui et que la gauche venait de subir une lourde défaite aux législatives.

Matthieu Rouault avec Xavier Allain