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La suppression du Pass'Sport des 6-13 ans ne passe pas: "Un an après les JO, un signal catastrophique"

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Plusieurs élus locaux ont écrit aux chefs de l'État et du gouvernement français pour s'opposer à la suppression du Pass'Sport pour les 6-13 ans. Ces maires expliquent leur choix sur RMC.

La nouvelle version du Pass'Sport ne passe pas. Le maire d'Épinay-sous-Sénart (Essonne), Damien Allouch, et plusieurs élus locaux, dénoncent une "idée nullissime". Dans une lettre adressée au président de la République et au Premier ministre, ils exigent le retour de cette aide de 50€ pour les jeunes âgés de 6 à 13 ans.

Instaurée depuis 4 ans pour faciliter les inscriptions dans des clubs sportifs, le gouvernement avait annoncé il y a quelques semaines vouloir reconduire cette aide en excluant spécifiquement cette tranche d'âge. Le gouvernement ne veut la réserver plus qu'aux 14-17 ans et aux 6-19 ans bénéficiaires de l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH).

Certaines familles disent qu'elles vont devoir choisir quel enfant fera du sport

Les élus demandent donc de rétablir cette subvention dès l'âge de 6 ans. Ils dénoncent un "mauvais calcul budgétaire". C'est une "mesure meurtrière pour l’accès au sport" écrivent-ils.

"À un an des JO, le signal est symboliquement catastrophique", déplore le maire de Grigny, Philippe Rio.

Un avis partagé par l'ancienne ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, en poste au moment des JO de Paris 2024. "Nous ne pouvons pas laisser le monde du sport être une telle variable d’ajustement, à fortiori quelques mois après qu’il a porté haut les couleurs du pays lors des JO", déplore celle qui est désormais présidente du Comité olympique.

Dans la ville de Grigny, qui est l'une des plus pauvres de France, cette aide était essentielle pour les familles. Certaines, "qui ont trois ou quatres enfants", disent au maire "qu'elles vont devoir faire un choix dans leur famille", par manque de moyens.

Et selon Philippe Rio, les filles seraient les premières impactées: "Souvent c'est le garçon qui prime, c'est ainsi. En tout cas, je l'ai constaté à Grigny." Alors que depuis la mise en place du Pass'Sport, l'élu a vu un vrai changement avec "40% d'inscriptions de filles en plus".

Les maires doivent compenser

Cela risque aussi de pénaliser les 450 familles d'Épinay-sous-Sénart, située à quelques kilomètres de Grigny. Mais aussi les clubs, s'inquiète le maire Damien Allouch: "C'est un vrai coup dur qui est porté au sport. Les premiers retours qu'on a eu grosso-modo c'est qu'ils sont dingues de faire ça."

La maire de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, Catherine Arenou regrette ce qu'elle appelle "une désertion de l'État".

"Il y en a marre qu'on soit toujours en train de compenser localement les prises de position financières de l'État", insiste-t-elle.

Ces maires redoutent des jeunes désoeuvrés et veulent mettre en avant les bienfaits du sport dans la prévention des rixes. L'année dernière, 1,6 millions de jeunes ont pu bénéficier du Pass'Sport.

Clara Gabillet et Romain Houg (avec TRC)