Le Pen et Bardella dans le Top 50 des personnalités préférées des Français: “c’est un problème, il faut se réveiller”

Des politiques qui n'ont clairement plus la côte auprès des Français. Mais c’est loin d’avoir toujours été le cas: exemple avec l’année 1988, année de la toute première édition de ce Top 50 des personnalités préférées des Français. Un classement établi chaque année par Le Journal du Dimanche (JDD) en partenariat avec l’IFOP.
1.000 personnes sont interrogées à partir d’une liste de 100 personnalités présélectionnées par le journal. En 1988 donc, douze hommes et femmes politiques figuraient parmi les 50 personnalités préférées des Français. De François Mitterrand (3ᵉ), à Georges Marchais (47ᵉ) en passant par Raymond Barre et François Léotard.
Ces personnalités étaient aussi populaires ou presque que Jean-Paul Belmondo, Alain Delon ou Michel Platini. 12 personnalités politiques dans le TOP 50 en 1988, contre deux cette année… Jordan Bardella est 10ᵉ (il gagne 20 places sur un an), Marine Le Pen est 11ᵉ (elle était 61ᵉ il y a un an). Derrière, c’est le vide.
Pour trouver un autre nom du monde politique, il faut descendre aux fins fonds du classement. Philippe de Villiers, retraité de la politique depuis 2009, devance Bruno Retailleau et François Ruffin. S’ensuivent Emmanuel Macron (71ᵉ du classement), Gabriel Attal, Edouard Philippe, Jean-Luc Mélenchon et Gérald Darmanin.
"Les Français votent pour un package populiste"
Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, invité dans Estelle Midi, se dit très étonné par le classement. “Jordan Bardella, comme de Philippe de Villiers, ne sont pas vraiment perçus comme des hommes politiques, mais plus comme des personnalités de la société civile,” explique-t-il.
“On n'est pas face à des hommes politiques traditionnels, mais plus face à des personnalités qui touchent à la politique en étant aux marges”.
Ces résultats ne sont toutefois pas anecdotiques pour Philippe Moreau-Chevrolet: “il faut se réveiller. Les populistes sont très haut dans le classement. On est face à un problème qui concerne l’ensemble des modérés qui sont en train de disparaître du classement au profit des populistes”.
La France n’est pas d’extrême droite pour autant, estime le professeur de communication politique à Sciences Po. “Il y a un divorce qui se fait, un peu comme aux États-Unis avec Donald Trump et Elon Musk. Les Français votent pour un package populiste. Ils votent pour des personnalités qui ont l’air proche d’eux et qui ont même l’air d’être apolitique. Jordan Bardella, par exemple, sur son TikTok, il n’y a pas de politique”, conclut-il.
Pour la chroniqueuse Elise Goldfarb, les Français leur accordent du crédit, car is n’ont pas encore été au pouvoir. Mais il n’y a pas de débat pour l’entrepreneure et militante LGBT: “oui, la France est d'extrême droite, mais je ne peux pas blâmer les citoyens, ils ont été abandonnés !”. Un avis pas partagé par Périco Legasse, qui estime que l’électorat du RN n’est pas d’extrême droite, mais que ce sont simplement des personnes qui ne font plus confiance à la classe politique qui les dirige depuis 1958.