Le voile dans le sport en débat au Sénat: "S’il est interdit de le porter, j’arrêterai le hand"

Si certaines fédérations comme le foot ou le rugby par exemple, interdisent déjà le port du voile pour les pratiquantes, pour d'autres, le flou subsiste encore. Et c’est justement l’objectif du projet de loi examiné ce mardi au Sénat qui vise à interdire le port de signes religieux dans les sports, avec une harmonisation de la situation au nom de la laïcité.
Pour le foot, le basket ou encore le volley, le port du voile est interdit par les règlements. Mais il est autorisé par exemple en athlétisme et au handball.
"Je n'ai jamais eu un avis négatif, de regard bizarre..."
Et une potentielle interdiction inquiète les principales concernées. Que ce soit sur le terrain, à l'échauffement ou dans le vestiaire, le fait que Noémie et Kanda portent leur hijab, “ce n'est pas un débat”. “En fait la question ne se pose pas. Que ce soit les coachs, les arbitres, les adversaires, on se respecte toutes”, assure Noémie.
“Je n'ai jamais eu un avis négatif, j'ai jamais eu de regard bizarre. Si je le mets, c'est pour des raisons religieuses qui me sont propres et je n'ai forcé personne à le mettre”, appuie de son côté Kanda.
"Notre équipe, c'est notre famille" disent-elles. “On s'investit tellement en fait. On s’entraîne trois fois par semaine. On pratique ce sport parce qu’on l’aime”, assurent les deux jeunes femmes.
"En interdisant, on encourage le communautarisme"
Et elles préviennent, elles sont prêtes à arrêter leur pratique si elles n’ont plus le droit de porter leur voile. “Je resterais au vestiaire avec mon voile”, assure Noémie. “S’il est interdit de le porter, j’arrêterai le hand parce que je ne me vois pas enlever le voile”, ajoute Kanda.
Ce choix d'arrêter un sport, Marion Ogier, avocate du collectif des Hijabeuses , estime qu'elles ne devraient pas avoir à faire. Ce collectif de footballeuses constate, elles, déjà les conséquences d'une telle interdiction dans leur sport.
“On écarte ces femmes d’un milieu qui serait propice à leur intégration dans la société. On encourage, en interdisant ce port du foulard, ce communautarisme en dehors de toutes les compétitions officielles”, indique-t-elle.
"Tout un débat pour pas grand chose"
Une proposition de loi à contre-courant, dénonce-t-elle, alors qu'à l'international les règlements en matière de voile se sont peu à peu assouplis. En octobre, des experts de l’ONU ont demandé aux fédérations de football et de basket de lever ces interdictions jugées discriminatoires.
Pour Hocine, auditeur RMC, le débat autour du voile dans le sport est surtout un énième moyen de mettre un débat plus général sur le voile au coeur des discussions.
"Je trouve que c’est un peu un prétexte dans le sens où le débat sur le voile est remis sur la table régulièrement. On en fait tout un débat pour pas grand chose", juge-t-il ce mardi sur RMC.