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Les travailleurs du sexe belges protégés par un contrat de travail: un exemple à suivre en France?

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Une première mondiale en Belgique: les travailleuses et les travailleurs du sexe vont bénéficier d’un contrat de travail, comme n’importe quel salarié. Et pour l’éditeur et écrivain Arthur Chevallier, c’est une bonne nouvelle qui marque la fin d’une hypocrisie. C’est son avis tranché ce lundi sur RMC.

Il était temps. La prostitution ne doit plus être un tabou. Plus on considère que la prostitution est un problème moral, moins on accepte de la traiter pour ce qu’elle est: c’est-à-dire un problème social. Si on veut protéger les prostitués, il faut commencer par admettre que ça existe et que ça ne disparaîtra pas.

D’ailleurs la France n’est pas le pays le plus libéral par rapport à ça. Notre modèle n’est pas si mal, c’est la pénalisation des clients et la protection des prostitués. Depuis une loi de 2016, être travailleuse, ou travailleur, du sexe, c’est légal. Mais par rapport à nos voisins, notre législation est conservatrice.

La prostitution est légale dans 21 des 27 États membres de l’Union Européenne. Mais il y a des nuances. En Allemagne ou aux Pays-Bas par exemple, l’activité est réglementée par la loi. Dans d’autres pays, comme la Pologne ou le Portugal, la prostitution est légale, mais pas réglementée. Autrement dit: l’État laisse faire sans s’en mêler. Et elle est carrément interdite en Croatie ou en Lituanie. Donc la France est dans une sorte d’entre-deux.

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L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Prostitution, comment mieux l'encadrer ? - 02/12
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La France a-t-elle toujours été si dure avec la prostitution?

L’hexagone a toujours été dur avec la prostitution. Au Moyen Âge, il y avait une sorte de prostitution autorisée dans ce qu’on appellerait aujourd’hui des bordels. Certains étaient d’ailleurs tenus par des bonnes sœurs, et dans la clientèle, il y avait de tout, y compris beaucoup de curés. Mais au XIIIe siècle, le roi Louis IX siffle la fin de la récré: la prostitution est interdite.

Il y aura des ajustements, mais globalement ça va rester comme ça. À un moment, on va la tolérer, mais à l’extérieur des villes, pour bien signifier que ce n'est pas bien du tout. C’est toujours lié à la morale. Ça existe, mais on ne veut pas en entendre parler.

La Révolution dépénalise une première fois. Et sous le Premier empire, on réglemente en créant les maisons de tolérance, soit les maisons closes. C’est aussi une question de santé publique: éviter la propagation des maladies sexuellement transmissible. Au XIXe, les maisons closes vont prospérer. Et il faut attendre 1946 et la loi dite Marte Richard pour qu’on interdise définitivement les maisons closes. Un tournant.

C’était plutôt une bonne nouvelle, mais il y a un contexte. On sort de la guerre, les tenanciers de bordels avaient collaboré avec les Allemands. Supprimez les maisons closes, c’est bien, mais il faut remplacer le cadre légal par un autre. La prostitution, c’est un travail dangereux. Ceux qui le font méritent les mêmes droits que tout le monde. Sinon, ça revient à les abandonner. La Belgique, c’est un exemple à suivre.

Arthur Chevallier