Les violences contre les médecins en hausse: le conseil de l'Ordre encourage les dépôts de plainte
Un rapport qui en dit long sur le rapport de la société avec la médecine et l'autorité médicale. Le Conseil national de l'Ordre des médecins a dévoilé son rapport annuel sur la sécurité des médecins et le constat est sans appel: 1.009 incidents contre des médecins ont été signalés en 2021. Un chiffre qui ne baisse pas après une année 2020 pourtant marquée par le confinement et une chute du nombre de rendez-vous médicaux.
Invité de Sébastien Krebs dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story, le docteur Jean-Jacques Avrane, président du Conseil de l'ordre des médecins de Paris et délégué à l'observatoire de la sécurité des médecins, note que "les agressions verbales et menaces sont certainement les plus importantes et sont en progression régulière. Aujourd'hui, il s'agit de 70 % des agressions contre les médecins."
Une pandémie qui exacerbe les tensions
Dans un contexte pandémique, ces incidents peuvent être liés à la crise sanitaire. C'est le cas de 59 incidents qui ont eu pour origine le Covid-19: "ces menaces sont arrivées en particulier à l'occasion des vaccinations et très fréquemment dans des centres de vaccination, vis à vis de patients qui ne désiraient pas le faire", explique le médecin.
"Pour les incidents liés à la vaccination, le cas le plus fréquent est la problématique des pass ou des patients qui ne voulaient pas se faire vacciner mais ont été obligés de le faire pour voyager ou travailler, cela a créé de fortes tensions", constate le président du conseil de l'Ordre des médecins de Paris.
Internet a changé la donne
Parmi les causes de violences les plus importantes notées par le rapport, les reproches sur la prise en charge ou les refus de prescription d'un médicament ou d'un arrêt de travail. L'arrivée d'internet a changé la donne pour les médecins. Les patients sont désormais prescripteurs, arrivent au cabinet médical avec une idée précise de ce qu'ils ont, veulent et donnent des ordres au médecins:
"On se rend compte que beaucoup d'agressions viennent souvent d'un refus d'une ordonnance ou d'un arrêt de travail ou d'un refus de vouloir absolument faire ce que leur demande le patient: le médecin fait sa consultation, son examen et il va décider alors du traitement à délivrer et pas forcéement par rapport au désidératas de telle ou telle personne."
Ces incidents touchent tout le territoire, même si 51% des incidents se déroulent en centre-ville.
Porter plainte
Le message du docteur Jean-Jacques Avrane pour ses collègues est simple: porter plainte. "Les dépôts de plainte qui permettent de donner des suites à ces aggressions et aux conseils de l'ordre et au conseils départementaux d'accompagner les médecins voire de se porter partie civile", explique-t-il.
"On voit que la violence est inhérente à la société actuelle. Nous sommes à l'image de ce qui se passe dans la société. Tout ce qui est représentant de la santé, de l'éducation ou du droit subissent une forte pression et ce type d'atteinte."