Listes "communautaires": "Je n'ai pas entendu M. Retailleau vouloir interdire le parti chrétien-démocrate"

Nagib Azergui, fondateur de l’Union des démocrates musulmans français est venu sur RMC ce mardi pour répondre aux attaques concernant les listes dites "communautaires".

La question des listes électorales dites "communautaires" entre dans le débat public à quelques mois des élections municipales. C'est le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau qui a mis le feu aux poudres dans un contexte de débat brûlant autour du port du voile des accompagnatrices de sorties scolaires.

Ce dernier va déposer une proposition de loi pour interdire les "listes communautaristes" aux élections, afin de "contrer ce qui est une forme de sécession". Selon lui, ces listes veulent "privilégier une partie de la population alors que notre République est 'indivisible'".

"Le parti chrétien-démocrate, il ne semble pas vouloir l'interdire"

Nagib Azergui, fondateur de l’Union des démocrates musulmans français est venu sur RMC ce mardi pour répondre à ces attaques et pointe un paradoxe dans le discours de l'élu LR.

"On est dans un paradoxe terrible. Il y a un parti Chasse, pêche, nature et traditions qui s’adresse à une catégorie de la société, et qui travaille sur une préoccupation qui est celle de la ruralité, qui ne concerne pas forcément tous les Français. Il y a un parti chrétien-démocrate très proche des Républicains, je n’ai pas entendu M. Retailleau dire qu'il allait les interdire.
En toute sincérité, j’aurais préféré me reposer sur un parti qui aurait pu porter nos revendications haut et fort. Je ne l’ai pas trouvé. Au contraire j’ai l’impression que tous les mouvements que l’on connaît essaient de dépasser Marine Le Pen par la droite."

"On n’est pas des guides spirituels ! Ca n’a rien à voir"

Cet ingénieur de formation explique que son mouvement a au contraire vocation à "bâtir des ponts" entre les communautés et non pas se renfermer dans la simple défense des musulmans.

"On ne s’adresse pas qu’aux musulmans, (...) on le voit avec la polémique du foulard que ces sujets concernent tout le monde. Ce que j’entends ces dernières semaines me fait peur.
On n’est pas des guides spirituels ! Ca n’a rien à voir, je ne suis pas là pour islamiser le débat ou pour même faire le grand remplacement de la république par la charia, ce sont des caricatures."

Nagib Azergui trouve que "notre société va mal" en prenant pour dernière exemple l'hystérisation de la question du port du voile anime le débat public ces dernières semaines.

"Beaucoup pensent que démocrate est antinomique avec le mot musulman. Ce mot est là pour interpeller toute la nation. Mon combat, celui que j’assume pleinement, c’est le fait de 'dé-sislamiser' tous ces débats pour que l’on puisse s’occuper de tout ce qui nous concerne."

>>> EN VIDEO - Retrouvez l'interview complète de Nagib Azergui en cliquant ici

James Abbott