Manifestations pour les droits des femmes: la recrudescence du masculinisme inquiète et indigne

Une cinquantaine de collectifs, associations et syndicats avaient appelé à quelque 150 rassemblements samedi 8 amars, en cette Journée internationale des droits des femmes. En province, la participation "est établie à 85.000 participants", de source policière. Ils étaient 9.300 à Lyon, 7.500 à Toulouse, 6.000 à Marseille, 5.000 à Rennes, selon les préfectures. Le collectif organisateur Grève féministe a revendiqué 120.000 participants à Paris et au total 250.000 en France.
"Femme alpha"
Dans le cortège parisien, Manon 25 ans, brandit une pancarte dans les airs: "Femme alpha". "Il y en a marre que ce terme soit utilisé par les mecs pour dire que c'est eux qui dominent. Sur les réseaux sociaux, ils te parlent de crypto, t'expliquent comment acheter une grosse voiture, ils sont plus forts, ils vont te protéger... On ne voit que ça!", s'indigne-t-elle au micro de RMC.
Des influenceurs masculinistes mis en avant par les algorithmes, c'est aussi ce que constate Nolwenn, 27 ans. Depuis le mouvement Metoo, elle a le sentiment d'une plus forte violence verbale à l'égard des femmes. "Les femmes continuent de subir des réputations de salope, de pute ou de mauvaise fille..."
" À la salle, si on met une brassière...", témoigne une manifestante
Sur un bout de carton, Camille a dessiné Donald Trump un point dans le visage. Pour elle, la mouvance conservatrice outre-Atlantique trouve un écho en France. Une véritable haine des femmes à laquelle elle a déjà été confrontée.
"Sous forme de commentaires, on en voit partout. À la salle, rien que si on met une brassière pour faire du sport, on vient nous dire qu'on veut montrer des choses. Je trouve ça terrible", déplore la manifestante. Indignées mais loin d'être résignées. Toutes se disent prêtes à combattre les masculinistes, y compris sur leur terrain, les réseaux sociaux.
Samedi, l'actrice Julie Gayet appellait sur RMC à la "vigilance" à propos des droits des femmes, regrettant qu'à propos de l'égalité des salaires et le partage des tâches domestiques, "ce n'est pas encore ça".
Pas d'incidents majeurs lors de la manifestation
Le cortège a défilé dans le calme, hormis quelques tensions entre CRS et manifestants en queue - les autorités font état de sept interpellations. À Paris, un petit groupe du collectif identitaire Nemesis, dont la présence annoncée avait été dénoncée par les associations féministes et antiracistes, a débuté sa manifestation environ 300 mètres derrière le cortège principal, très encadré par les forces de l'ordre et sous les huées de passants, a constaté une journaliste de l'AFP.