Manifestations de policiers: "Le ministère fait tout pour museler la grogne policière"
Les policiers sont toujours dans la rue. Après une accalmie qui a suivi les mesures annoncées par le gouvernement, les manifestations ont repris, surtout le soir, dans plusieurs villes de France dans l’attente d’un grand rassemblement national prévu samedi prochain. C'était encore le cas ce mardi soir, comme depuis deux semaines, à Marseille. Mais ces manifestations parfois en tenue, pendant les heures de service et donc illégales, suscitent à nouveau des menaces de sanction de la part des autorités policières.
"On veut faire taire le mouvement"
Ce mardi, dans la cité phocéenne, le commissaire central Jean-François Jaffuel a rappelé à l'ordre ses troupes: "Il faut reprendre maintenant le service comme il se doit auprès de la population. On a une mission de service public qui est prioritaire par rapport aux expressions individuelles et aux expressions de certains groupes. On dit donc clairement aux gens 'Reprenez le job'". En clair, plus de manifestation pendant le service sous peine de sanction".
Pour Christophe, l’un des représentants des policiers frondeurs, cette menace ne calmera pas pour autant les troupes: "Je crois qu'on veut faire taire le mouvement. C'est clair. Aujourd'hui, on est tous en colère mais le ministère fait tout pour museler la grogne policière". Mais il l'assure, ils ne lâcheront rien: "Des collèges sont prêts à faire un blocus, prêts à bloquer des grands axes, à faire entendre leur voix par tous les moyens parce qu'on est au bout du rouleau".
"On nous prend pour des idiots"
Polo est l'un de ces policiers frondeurs prêt à durcir le mouvement. Aujourd'hui, il est très en colère: "On ne nous prend pas au sérieux. On nous prend pour des idiots. On n'est pas des enfants gâtés. Un commissaire nous a dit qu'il allait siffler la fin de la récréation mais ce n'est pas une récréation. Nous ne sommes pas des enfants et ce n'est pas un jeu. Maintenant, on voudrait bien que ça s'arrête, que la légitime défense soit adaptée à celle des gendarmes, mais on attend toujours que ça soit voté".
"On ne veut pas en venir jusqu'à bloquer les rues, s'allonger au milieu des rues comme l'ont fait les pompiers. On ne veut pas emmerder les gens, les empêcher d'arriver à l'heure au boulot, de rentrer tard voir leurs gosses. On ne veut pas, certifie-t-il. Mais si c'est le seul moyen, on y arrivera. Car à un moment, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs".