Méga-bassines à Sainte-Soline: craintes de graves tensions ce week-end
Un rassemblement annoncé comme "historique" par ses organisateurs. Des milliers de manifestants sont attendus à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) ce weekend pour protester contre les constructions polémiques de méga-bassines, des sortes de grandes retenues d’eau à destination des agriculteurs.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la mobilisation de 3.200 gendarmes et policiers ce week-end pour cette nouvelle manifestation qui est interdite, soit deux fois plus que lors du dernier rassemblement émaillé de graves affrontements à l'automne dernier.
Des centaines d'activistes radicaux sont attendus, dont certains venant de l'étranger comme l'Italie ou la Suisse, pour des actions coup de poing ou des affrontements avec les forces de l'ordre.
"Ca fait longtemps qu'on a dit au gouvernement qu'on désobéirait et on va continuer à désobéir"
Camions militaires, quads, hélicoptères, les forces de l'ordre ont commencé à prendre position dès vendredi autour de la réserve d'eau en construction à Sainte-Soline, théâtre fin octobre de cette dernière manifestation, elle aussi interdite.
Julien Le Guet, l'un des organisateurs et porte-parole du collectif "Bassines non merci", assure de la détermination des manifestants malgré l'interdiction.
"Ca fait longtemps qu'on a dit au gouvernement qu'on désobéirait et on va continuer à désobéir. Les bassines ne passeront pas, ni ici, ni ailleurs. En dépit de toutes ces réprimandes et interdictions, les gens sont plus chauds que jamais à sauver leur territoire et leur rivière", témoigne-t-il.
Darmanin: "Très grande mobilisation de ceux qui veulent peur-être tuer des gendarmes"
Les autorités s'attendent à la venue dans le département, samedi, de 7.000 à 10.000 opposants à ces retenues d'eau destinées à l'irrigation agricole, dont un millier de militants radicaux.
"Nous verrons des images extrêmement dures parce qu'il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions", a déclaré Gérald Darmanin sur Cnews, alors qu'une manifestation avait déjà largement dégénéré à l'automne dernier.
"Nous nous attendons à des violences importantes", a renchéri la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, lors d'un point-presse à la mi-journée à Sainte-Soline, en évoquant des "saisies importantes d'objets constituant des armes ou des armes par destination" effectuées lors de contrôles en amont de la manifestation.
"Nous avons saisi des boules de pétanque, des frondes, des lance-pierres, des objets contondants, des produits incendiaires comme des mortiers (...) Il y a aussi des couteaux, des haches (...)", a détaillé devant des journalistes le général Samuel Dubuis, commandant de la région de gendarmerie Nouvelle-Aquitaine.
Les opposants aux "bassines" dénoncent un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie"
Les organisateurs du rassemblement sont le collectif "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et le syndicat agricole Confédération paysanne. Ils contestent la construction de seize retenues, d'une capacité totale d'environ 6 millions de mètres cubes, qui doivent être construites, principalement dans les Deux-Sèvres, dans le cadre d'un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État.
Il vise à stocker en plein air de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes. Les opposants aux "bassines" dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer "un vrai projet de territoire" sur le "partage de l'eau".