Méga-bassines : la Confédération paysanne fustige une "limitation scandaleuse" des moyens de manifester
Plus de 3.000 membres des forces de l'ordre mobilisées d'un côté, 1.500 "activistes violents" attendus de l'autre: la nouvelle manifestation contre les "bassines", symbole des tensions autour de l'accès à l'eau, est placée sous haute sécurité samedi dans les Deux-Sèvres.
Jusqu'à 10.000 personnes sont attendues par les autorités autour de Sainte-Soline, où l'un de ces réservoirs dédiés à l'irrigation agricole est en construction, cinq mois après un précédent rassemblement émaillé d'affrontements.
“Il y a entre 5 et 8.000 personnes qui sont arrivées entre hier, et énormément dans la nuit. (...) Il y a des jeunes et des moins jeunes de mouvements écolos, citoyens, des gens aussi localement impliqués sur une lutte pour reposer la question du partage et de la préservation de la ressource en eau au vu de ces constructions”, a décrit Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne.
La préfecture a de nouveau interdit la manifestation, organisée par le collectif d'associations "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.
Sur les coups de 11h ce samedi, les manifestants sont malgré tout partis à pied du petit village de Vanzay, à quelques kilomètres du site de construction, pour tenter de rallier le chantier de Sainte-Soline en plusieurs cortèges. Un groupe composé de plusieurs centaines de personnes cagoulées a pris une direction différente, a constaté l'AFP, alors que le public semble globalement plus jeune et moins familial que la dernière fois.
Des provocations initiées par les autorités, selon Nicolas Girod
Si la tension est susceptible de rapidement monter, c’est qu’elle est provoquée par les importantes restrictions imposées par les autorités, estime-t-on du côté de la Confédération paysanne.
Pour son porte-parole, les membres des différentes associations vont clairement “appeler à ce que les manifestants ne tombent pas dans la provocation des forces de l’ordre qui sont hyper nombreuses sur le secteur, et qui vont forcément chercher à venir faire monter la tension”.
“A partir du moment où l’ensemble de la manifestation est interdite, où les déplacements de tracteurs sont interdits… C’est une limitation absolument scandaleuse de nos possiblités de manifester qui fait que la réponse qui va arriver des gens sur place, c’est l’énervement, une tension qui augmente et potentiellement des affrontements”, critique Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne
Le ministère de l'Intérieur a mobilisé 3.200 gendarmes et policiers, soit deux fois plus qu'en octobre, dispositif jugé "ahurissant" par les organisateurs.
"Il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions", avait déclaré Gérald Darmanin vendredi sur Cnews.
Selon la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, "environ 1.500 activistes radicaux", venus de France et de l'étranger, pourraient se mêler aux manifestants, restés majoritairement pacifiques à l'automne.
Samedi matin, elle a incité dans un communiqué "celles et ceux qui souhaitent manifester pacifiquement et en famille à la plus grande prudence", alors que "plusieurs centaines d'individus radicaux préparent des actions violentes".
Des armes ont été saisies en amont du rassemblement - boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux et haches selon la gendarmerie.
Plusieurs élus EELV et LFI manifestent samedi, tandis que des observateurs des pratiques policières mandatés par la Ligue des droits de l'Homme doivent "documenter le maintien de l'ordre" durant le week-end.