Mobilisation des forains: "On en a marre d'être tributaire de ces gens-là, on ne peut plus les saquer"

Des bouchons sur le périphérique parisien. - AFP
Boris, 29 ans, se dit forain "depuis toujours". Il participe depuis deux jours aux actions de blocages des forains.
"On est sur la route depuis 5h30. On a lancé l'opération escargot tôt ce mardi matin sur le périphérique parisien, à la porte d'Italie. Arrivés à porte d'Auteuil, les CRS nous ont fait repartir dans l'autre sens en nous escortant. Là, on a repris jusqu'à l'A13 et on a bloqué le tunnel. L'accueil des automobilistes a été assez mitigé. Certains nous ont insulté, d'autres félicité.
On n'est pas là pour embêter les gens ou faire des dégâts, mais pour se faire entendre. On fait partie des professions pas du tout aimées par les élus et les politiques. Et en bloquant deux matinées de suite l'Île-de-France, on y arrive. Par un simple courrier, en cinq lignes, ils annulent le marché de Noël et mettent à mort une partie de la population. Les fêtes disparaissent à la même vitesse. Or, derrière les forains, il y a des emplois, des familles. S'il n'y a pas de marché de Noël, je ne sais pas ce que je vais manger cet hiver. On ne demande pas l'aumône, on demande à travailler. S'il faut bloquer tous les jours jusqu'à avoir gain de cause, on le fera. On ne se laissera pas faire."
Geoffrey, 28 ans, plombier. Il a été bloqué mardi matin dans les embouteillages provoqués par l'action des forains.
"J'étais bloqué à hauteur de la A104 pendant 2h30. J'étais en chemin pour un chantier chez des clients, j'ai dû mettre les collègues en retard. Du coup on va finir plus tard ce soir. Je ne vais pas mâcher mes mots: ça nous casse les c..., à nous qui travaillons, les artisans. On en a marre d'être toujours tributaire de ces gens-là. Au bout d'un moment, on ne peut plus saquer les forains, on ne peut plus taxer les taxis... On essaie de travailler et on nous en empêche. Les gens à côté de moi avaient l'air désespérés. Je vais devoir changer mes itinéraires de la semaine parce qu'apparemment ils ne vont pas lâcher tout de suite.
Au niveau du travail, on va devoir s'organiser, se lever encore plus tôt. On n'a pas le choix, il faut être à l'heure. Lundi matin, je me suis levé à 5h45, mercredi matin, ce sera 4h45. Et encore, je ne suis pas sûr d'arriver à l'heure. Quand je les ai vus ce matin, les forains étaient escortés de deux motards. Je ne trouve pas ça normal. Il faut les en empêcher! Il faut qu'on emploie la force si c'est nécessaire. Mais seulement, j'ai l'impression qu'on a peur des forains, et c'est inacceptable. On subit. En plus je ne vais même pas au marché de Noël: c'est nul, c'est sale et c'est cher".
Christian Cambon, est sénateur LR et conseiller municipal à Saint-Maurice (Val-de-Marne). Il a publié des photos du périphérique congestionné au niveau de sa commune.
"Ce qui s'est passé est extravagant. Tout le Val-de-Marne a été bloqué des suites d'un conflit entre madame le maire de Paris et la bande de Marcel Campion. C'est une affaire parisienne qui concerne le village de Noël des Champs-Elysées et qui n'a pas une grande influence sur notre vie quotidienne. Or, pour empêcher les camions de forains d'envahir Paris - car il fallait protéger Paris - la préfecture de police a installé des barrages de CRS sur les cinq voies de l'autoroute! S'en est suivie une trombose. Certains ont mis jusqu'à 4h pour traverser le département.
Madame Hidalgo se plaint de la pollution, or elle a été multipliée par 12 dans mon département lundi à cause du cortège de voitures. C'est cocasse. Je vais interpeller le ministère de l'Intérieur pour savoir selon quelle procédure le préfet de police s'est permis de barrer la route ici. Je me rappelle d'une dame en larmes, bloquée sur la A4, qui devait commencer sa 1ere journée de chimiothérapie, et qui sera obligée de reprendre rendez-vous. Les gens, en banlieue, en ont ras-le-bol. Le préfet n'a qu'à autoriser les forains à aller stationner dans Paris, sur l'esplanade des Invalides."