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Municipales: ces maires de petites communes qui jettent l'éponge par lassitude

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Gérard Schonberg, maire de Vennans, commune de 280 habitants dans le Doubs est élu depuis 1983 mais jette l'éponge après 36 ans de services regrettant le manque de reconnaissance. Une grande consultation est lancée par le Sénat pour identifier les raisons du mal-être des maires.

Une grande concertation lancée pour sonder les maires. La commission des lois du Sénat va envoyer jusqu'à demain un formulaire aux 35.000 maires. Il s’agit de recueillir leurs témoignages sur les agressions qu’ils ont subies.

Cette concertation est lancée après le décès de Jean-Mathieu Michel lundi dernier, le maire de Signes, petite commune du Var, renversé par une camionnette alors qu'il s'opposait à un dépôt sauvage de gravats.

Vendredi dernier, c'est le maire de Saint-Myon dans le Puy-de-Dôme qui a été agressé au couteau et l’un de ses adjoints légèrement blessé lors d’une visite chez un administré. Pourtant, 83 % des français ont une bonne opinion des maires selon un sondage IFOP pour le JDD publié dimanche.

"C'est sans arrêt qu’on passe d’une chose à l’autre. Mais il n’y a aucune reconnaissance..."

Certains maires, désabusés, préfèrent renoncer à se présenter l’an prochain. C’est le cas de Gérard Schonberg, maire de Vennans, commune de 280 habitants dans le Doubs.

Un coup d’œil sur le drapeau tricolore en berne depuis le décès du maire de Signes, avant d’entrer dans sa mairie, Gérard Schonberg, vient relever le courrier et trier ses mails comme chaque jour, depuis 36 ans.

"Dans les petits villages, le maire c’est “M. Fait-tout”. Je vais aider les cantonniers, et à côté je reçois quelqu’un pour un mariage, c’est sans arrêt qu’on passe d’une chose à l’autre. Mais il n’y a aucune reconnaissance..."

"C'était moins pénible il y a quelques années. La collectivité l'emportait sur l'individu, là c'est l'inverse"

En mars prochain mois, il ne se représentera pas. Le retraité se sent abandonné par l’Etat. Et il est "usé" par les agressions verbales et les reproches permanents.

"Je dis toujours, quand il y a une mouche qui pète à Vennans, c'est la faute du maire. C'est la voiture qui passe trop vite, du coup il faut mettre un ralentisseur, mais s'il y a un ralentisseur le freinage fait trop de bruit et il faut enlever le ralentisseur. C'était moins pénible il y a quelques années. C'était plus relax, la collectivité l'emportait sur l'individu. Aujourd'hui c'est l'inverse, et j'en ai ras-le-bol."

"C'est de plus en plus difficile, on n'a plus de pouvoir"

Surtout, Gérard Schonberg a le sentiment que sa fonction de maire s’est vidée de sa substance au fil des années.

"C'est de plus en plus difficile, on n'a plus de pouvoir. C'est une volonté politique. Et c'est ça qui me révolte. Ca a commencé par les fiches d'état civil, les permis de chasse, ce qui faisait que les gens venaient à la mairie. Lorsque demain plus personne ne viendra, les dirigeants diront qu'on ne sert plus à rien et qu'on va supprimer les mairies pour faire des communautés de communes. Ca c'est inadmissible."

A sept mois du scrutin personne ne s’est pour l’instant porté volontaire pour lui succéder.

Caroline Philippe (avec James Abbott)