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Noël: "Revendre ses cadeaux, ce n’est pas si grave"

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D’après une étude, près d’un Français sur deux revend ses cadeaux de Noël. Une pratique qui touche surtout les 24-34 ans. Pour l’éditeur et écrivain Arthur Chevallier, c’est une petite révolution dans notre rapport à Noël.

Revendre ses cadeaux, ce n’est pas si grave. D’après l’étude qui montre que près d'un Français sur deux (44%) revend ses cadeaux de Noël (baromètre eBay-Kantar dévoilé par Ouest-France), les gens le font parce qu’ils préfèrent s’acheter quelque chose qui leur plaît. Après tout, pourquoi pas. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce comportement un peu matérialiste n’est pas une trahison de l’esprit de Noël, mais plutôt un retour aux sources. Historiquement, Noël, ça a toujours été l’occasion de se faire plaisir.

La généralisation des cadeaux sous le sapin, l’orgie de cadeaux disons, c’est assez tardif. Ça date de l’après Seconde Guerre mondiale. On veut oublier les horreurs de la guerre et dans le même temps, l’industrie du jouet se développe. Ça permet de produire plus, et moins cher. Ce qui a donc permis aux classes populaires d’accéder à ce marché. Ajoutez à ça l’avènement de la société de consommation, et vous avez Noël comme on le connaît aujourd’hui.

Offrir quelque chose à la fin de l’année, c’est très ancien. Au Moyen Âge, il y avait un jeûne avant Noël, et à la fin de ce jeûne, on faisait un grand festin. On mangeait beaucoup et bien. Les cadeaux, c’était un peu la nourriture si vous voulez. Et petit à petit, vont arriver ce qu’on appelle des étrennes. Ça pouvait être de l’argent ou un objet précieux. Mais ça ne se donnait pas exactement au moment de Noël. En général, c’était plutôt au début de la nouvelle année. Les rois en offraient même à leurs sujets préférés.

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L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Cadeaux de Noël, une coutume récente - 19/12
3:25

Il faut arrêter avec le Noël bashing

Pour les cadeaux sous le sapin, il faut attendre le XIXe siècle. La particularité de ce siècle, c’est qu’on commence à glorifier l’enfant. Avant, un enfant, ce n’était pas grand-chose. Il avait le droit de se taire tant qu’il n’était pas adulte. Désormais, c’est un héritier, une promesse d’avenir. En même temps, Noël devient la fête de la famille par excellence, le rituel où tout le monde se retrouve. Donc on honore les enfants en leur offrant des cadeaux. A l’époque, c’étaient des objets très chers, des petits soldats de plomb très soignés, des beaux jouets d’artisanats. On trouvait ça dans les grands magasins, qui justement ouvraient à la même époque. Offrir des cadeaux, c’était un plaisir de riche, un luxe. Les classes populaires, elles, elles bossaient et elles n’avaient ni vraiment l’argent ni vraiment le temps pour ça.

Donc finalement, en revendant les cadeaux, on revient un peu aux origines. Il faut arrêter avec le Noël bashing! Noël, une fête commerciale… On serait tous devenus des consommateurs idiots qui n’ont plus de valeurs, etc. Noël, ça n’a jamais été une fête des valeurs! C’est un moment où on avait le droit à quelque chose d’exceptionnel, un truc qu’on ne se permet pas d’habitude. Et entre nous, si les gens revendent leurs cadeaux, c’est qu’ils n’ont plus les moyens d’acheter ce qu’ils veulent le restant de l’année…

Arthur Chevallier