Nombre d'immigrés, niveau de vie: ce que révèle la nouvelle étude de l'Insee sur l'immigration

Les immigrés représentent désormais 10% de la population française. Le chiffre a été révélé ce jeudi par l’Insee. Cela fait 10 ans que l’institut de la statistique n’avait pas publié d'étude sur le sujet. Il y a 10 ans, les immigrés étaient 6 millions en France, ils sont désormais quasiment 7 millions. Soit, effectivement, un peu plus de 10% de la population totale.
Leur nombre est en augmentation régulière. Les immigrés représentaient 5% de la population après la dernière guerre, en 1945. Ils étaient 6,5% en 1968, 9% il y a dix ans, 10,3 % aujourd’hui.
Ce que l'Insee appelle un immigré, c’est une personne étrangère, née à l’étranger et qui est venue vivre en France, que cette personne ait acquis ou non la nationalité française. En l'occurrence, un tiers des immigrés en France sont devenus Français. Les deux autres tiers ont gardé leur nationalité d’origine.
Un taux de chômage plus élevé, des salaires plus faibles
Quelles sont les origines des immigrés en France? Ils viennent d’Afrique pour la moitié d’entre eux. Et au sein de cette moitié, 50% viennent du Maghreb et 50% d’Afrique sub-saharienne. Il y a 50 ans, la majorité des immigrés en France venait d’Espagne, d'Italie et du Portugal. Aujourd’hui ils ne sont plus que 8%.
Sur leurs conditions de vie, l'étude énonce que les immigrés vivent moins bien que la moyenne de la population. Ils ont un taux de chômage plus élevé, des salaires moins élevés et des emplois moins qualifiés. Les immigrés représentent 39% des ouvriers.
Ils sont trois fois plus nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté monétaire. Un tiers d’entre eux gagnent moins de 1.100 euros par mois. Ces chiffres ne sont pas surprenants, les immigrés vivent partout moins bien que les populations installées, mais ils ont le mérite de mesurer l’écart précisément. Le niveau de vie des immigrés est 22% en-dessous de la moyenne des Français.
L’Insee s’est aussi intéressée aux descendants des immigrés, ce que l’on appelle la deuxième ou la troisième génération. Et l’on s'aperçoit que les chiffres sont à peu près les mêmes pour chaque génération.
10% des Français sont des immigrés, 11% sont des enfants d'immigrés, 10% sont des petits enfants d’immigrés. Ce qui fait que 30% des Français sont issus de l’immigration. Ou en partie issus, puisque la moitié des enfants d’immigrés n’ont qu’un seul de leurs parents né à l’étranger. Et chez les petits-enfants, seuls 1% ont leurs quatre grands-parents nés à l’etranger. C’est ce que l’on appelle la mixité par le mariage, qui produit un brassage de la population.
La France exactement dans la moyenne européenne
Une précédente étude de l’Insee en juin dernier avait tenté de mesurer le niveau d'intégration des descendants d’immigrés, et avait indiqué que deux enfants d’immigrés sur trois vivent en couple avec quelqu’un qui n’a pas d’origine migratoire.
L’étude s’est aussi penchée sur la trajectoire scolaire des enfants d'immigrés. Des enfants qui réussissent moins bien que la population non-immigrée mais beaucoup mieux que leurs parents. 5% seulement des immigrés qui arrivent en France sont diplômés du supérieur. Alors que 33 % de leurs enfants obtiendront un diplôme universitaire ou équivalent.
Et si l’on passe à la troisième génération, alors l’écart est totalement comblé. Il n’y a plus de différence de taux de réussite scolaire entre les petits enfants d’immigrés et celui du reste de la population.
Voilà donc les principaux chiffres: les statistiques ethniques sont interdites en France, mais l’Insee, on le voit, a le droit de mesurer les origines de la population vivant en France. Et donc de nous apprendre que nous avons la même proportion d’immigrés que chez nos voisins. La France est exactement dans la moyenne européenne.