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"On a eu 200 explosions": les incinérateurs de déchets face aux risques des bonbonnes de gaz hilarant

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Le protoxyde d'azote, très dangereux pour la santé des Français, est pourtant de plus en plus consommé. Mais il l'est aussi pour celle des agents qui travaillent dans les usines de traitement de déchets. Les capsules qui contiennent ce gaz hilarant ne sont évidemment pas correctement triées et finissent dans les incinérateurs. Un cauchemar pour les collectivités.

D’ordinaire cantonné aux bonbonnes de chantilly, le protoxyde d’azote est depuis plusieurs années utilisé à des fins récréatives, dans des capsules toujours plus grosses. À tel point qu’une proposition de loi vient d’être votée à l’Assemblée, pour l’interdire à la vente pour les particuliers. Elle sera discutée au Sénat le 6 mars.

Un fléau de santé publique, mais aussi pour les usines de traitement des déchets, qui en récupèrent de plus en plus. Faute d'être correctement triées, elles atterrissent dans les incinérateurs avec les autres déchets. Et ces bonbonnes de gaz peuvent créer de gros dégâts, qui se chiffrent par équipement en centaines de milliers d’euros.

Ces bouteilles de gaz plus grosses et plus nombreuses explosent par exemple dans les incinérateurs du syndicat de traitement des déchets à Besançon.

“Ça devient récurrent. Sur l’année 2024, on en a recensé un peu plus de 200”, explique Claire Boujard, directrice du pôle industriel. La dernière en date est de mi-janvier.

“Il y avait un agent qui était en poste à ce moment-là et qui a simplement reçu des cendres chaudes. Mais il aurait pu être exposé à des blessures bien plus importantes”, estime-t-elle.

Un coût économique important

Un danger pour les agents et un poids pour les finances locales en cas d'explosion, explique Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, un réseau de collectivités locales et d’entreprises. “L’usine est arrêtée pendant plusieurs avec des coûts énormes. Ça va jusqu’à 500.000 euros par arrêt. Quand on sait que la moitié des usines de valorisation énergétique française ont été victimes de ce type d’explosion au protoxyde d’azote, les sommes sont monumentales”, indique-t-il.

15 à 20 millions d’euros selon le syndicat national des déchets urbains. Grégory Richet, son président, avance des solutions.

“Ça peut être la mise en place d’une consigne. Mais je pense qu’on pourrait ajouter un système de soupape pour éviter qu’elles ne montent trop en pression”, estime-t-il.

En l’absence de filière de tri spécifique, il ne faut surtout pas mettre ces bouteilles à la poubelle noire ou jaune mais à la déchetterie.

Martin Cadoret avec Guillaume Descours