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"On casse l'histoire": pourquoi la coiffe des bouteilles de champagne n'est-elle plus obligatoire?

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C'est une petite révolution dans le monde du champagne. La coiffe des bouteilles, cet habillage en aluminium qui recouvre le bouchon de la bouteille, va bientôt sauter. En dépit de la filière qui réclamait son maintien au cahier des charges de l'AOP, l'ornement doré ne sera plus obligatoire.

C'est souvent la première étape avant d'ouvrir une bouteille de champagne, retirer la coiffe en aluminium. Pourtant, ce ne sera bientôt plus systématique, puisqu'elle n'est plus obligatoire. La filière voulait que cela reste dans le cahier des charges de l'AOP. Mais finalement, chaque producteur fera officiellement ce qu'il voudra.

L'Interprofession se conforme ainsi à une décision européenne. Après avoir mené une étude, elle est arrivée à la conclusion que l'absence de coiffe ne présente pas de risque pour la filière.

“Par rapport à l’appellation champagne, l’impact est quasiment nul. Lorsqu’un consommateur se retrouve en rayon, face à une bouteille qui ne lui conviendrait pas parce qu’elle n’a pas de coiffe, il basculerait vers une bouteille avec coiffe”, explique Gaëlle Jacquet du Comité Champagne.

Une aberration écologique?

Plus d'obligation donc, mais à titre personnel, elle assure rester attachée à cette tradition. “Lorsque vous offrez un cadeau, vous l’offrez avec un paquet cadeau. La coiffe est un élément qui rassure le consommateur sur le fait que c’est du champagne. Quelque chose qui habille le produit”, assure-t-elle.

Mais c'est surtout une aberration écologique pour Vincent Cuiller, viticulteur et coprésident du collectif "ça décoiffe" qui est contre cette obligation. Il pourra donc continuer à vendre ses bouteilles sans aluminium.

“Ça dépend de comment on voit l’économie. Nous, on voit plutôt le côté écologique. C’est une prise de conscience que cette coiffe n’était pas utile”, appuie-t-il.

Un déchet qui représente 0,6 % des émissions de gaz à effet de serre de la filière.

"Ne touchez pas à mon champagne !"

Une décision qui fait bondir les chroniqueurs RMC Emmanuel de Villiers et Fred Hermel, très attachés aux traditions de la gastronomie française en général. Pour le premier, l'argument écologique est un "alibi misérable" car le problème lié à cette coiffe est "dérisoire" selon lui. "On sort d'une tradition et on casse l'histoire de ce vin", souffle-t-il dans Les Grandes Gueules.

Fred Hermel acquiesce et va plus loin: "C'est quoi la prochaine étape? On enlève les bulles?", ironise-t-il, mais sans décolérer.

"Je n'en peux plus. Ca m'énerve ! Ils vont tout nous enlever. C'est notre identité, notre culture. C'est un tout. Ca commence par ça, puis on enlève tout. Ne touchez pas à mon champagne !", plaide-t-il, saluant l'élégance de ce produit que l'on ouvre pour les grandes occasions.

En 2024, la consommation de champagne en France a baissé de 7,2%. Les exportations ont chuté de 10,8%.

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