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On n'en voit pas le bout: les maires des grandes villes estiment être pris en otage

Les maires de grandes villes de France comme Bordeaux, Nantes, Rennes, Lyon, Saint-Etienne tirent la sonnette d'alarme et demandent au gouvernement une "réunion d'urgence" pour régler le problème des samedis où les commercent tournent au ralenti depuis le début du mouvement.

"Il faut qu'on retrouve une vie normale le samedi après-midi". Trois mois de manifestations des "gilets jaunes", 13 samedis consécutifs, des commerçants désemparés et des dégradations qui se chiffrent en millions d'euros. Une dizaine de grandes villes, membres de l'association France Urbaine, ont demandé dimanche une "réunion d'urgence" au gouvernement compte tenu des préjudices subis.

Paris, Nantes, Rennes, Rouen, Toulouse, Lyon ou encore Dijon, estiment être "pris en otage". Les maires, exaspérés, réclament des actes concrets au gouvernement, notamment des précisions sur les annonces d'Edouard Philippe le 1er février. En déplacement à Bordeaux, le Premier ministre avait annoncé le déblocage d'une enveloppe de 3 millions d'euros au total pour les dix villes les plus touchées, sans plus de détails. 

"Ca fait treize semaines que nos centres-villes ont à subir des manifestations qui se terminent très mal"

Gaël Perdriau, maire (LR) de Saint-Etienne était l'invité de Bourdin direct ce lundi matin sur RMC. Exaspéré, il attend un soutien des pouvoirs publics.

"Ca fait treize semaines que nos centres-villes ont à subir, certes des manifestations, c'est un droit et nous le respectons, mais des manifestations qui se terminent très mal. On a eu un mois de novembre et de décembre catastrophiques avec des dégradations sur l'espace public, de biens publics mais également de commerces, ça va de la dégradation au pillage. Avec des conséquences sur les chiffres d'affaires très importants pendant la période de Noël et également pendant les soldes."

Si l'ouverture du "Grand débat" a permis de calmer un petit peu le jeu dans certaines villes, d'autres connaissent des cassages réguliers les samedi après-midi, influant sur le comportement des habitants qui désertent les commerces. 

"C'est un petit peu plus calme depuis trois ou quatre samedis, c'est pas le cas à Bordeaux à Rennes ou dans d'autres villes. Mais ce qu'on note c'est que les habitants font une croix sur le samedi après-midi pour leur shopping ou courses en centre-ville. Tout cela a des conséquences extrêmement fortes malgré les soutiens que l'on a apporté. Dans ma ville nous avons apporté un plan d'aide de 300.000 euros." 

"La situation devient économiquement très grave c'est pour ça qu'on en appelle au gouvernement"

Malgré le grand débat, Gaël Perdriau estime que l'on ne voit "pas le bout" de ces violences qui mettent à mal l'économie du pays.

"Le "Grand débat" est lancé, à Saint-Etienne j'ai mis des moyens considérables pour permettre aux citoyens de venir s'exprimer. Le président pense que c'est un moyen pour lui de sortir de l'impasse dans laquelle il a placé le pays. On joue le jeu mais en attendant, il faut qu'on retrouve une vie normale le samedi après-midi.
Manifester encore le samedi ? Ca sert à mettre en redressement judiciaire un bon nombre d'entreprises et de commerçants qui tapent dans leur trésorerie et qui licencient et aujourd'hui on est au bout de ce qui est possible de faire. La situation devient économiquement très grave c'est pour ça qu'on en appelle au gouvernement. L'Etat a pour mission régalienne le maintien de l'ordre et si on a le droit de manifester on a aussi la liberté de circuler et de travailler."
James Abbott