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"On ne peut pas être insensible à ça": la solidarité se renforce pour venir en aide à Mayotte

Un homme travaille à la reconstruction d'une maison détruite dans la ville de Vahibe, à la périphérie de Mamoudzou, à  Mayotte, le 24 décembre 2024.

Un homme travaille à la reconstruction d'une maison détruite dans la ville de Vahibe, à la périphérie de Mamoudzou, à Mayotte, le 24 décembre 2024. - PATRICK MEINHARDT / AFP

Depuis le lundi 23 décembre, une collecte de dons est organisée par l'ONG Outre-mer-solidarité-catastrophes à Saint-Denis. Les denrées s'accumulent, tout comme la colère et la frustration.

La solidarité s'organise avec toujours autant de ferveur pour Mayotte. Depuis le 23 décembre, l'ONG Outre-mer-solidarité-catastrophes organise une collecte de dons à Saint-Denis pour aider les sinistrés de l'archipel, deux semaines après le passage du cyclone Chido.

L'organisation a établi une liste de dons à collecter, tels que des denrées non perissables, de l'eau, un appareil de purification d'eau, des produits d'hygiène, des vêtements, des chaussures, du matériel médical ou encore des fournitures scolaires.

Près des bénévoles qui s'affairent se trouve une allée de cartons bien rempli. "Tout ce qui est antalgique, antibiotiques... Il y a également des masques chirurgicaux", détaille une bénévole.

Ces dons viennent de toute la région. "J'ai ramené deux packs d'eau, des serviettes pour femmes, des couches bébé", énumère une donneuse.

Hanane, elle ,est venue avec un énorme sac de vêtements et le coeur chargé d'émotions.

“Je sais ce que c’est de tout perdre donc on ne peut pas être insensible à ça. Nous, on a de la chance, on a une maison, et eux ils n’ont plus rien”, lance-t-elle.

"Plus on a, mieux c'est"

Les colis s'accumulent et sont déjà prêts à l'envoi. Sitti Maliki, mahoraise et manager humanitaire, se réjouit face à une telle implication. “Quand je vois ces personnes qui arrivent, je savoure cet élan de générosité formidable”, dit-elle.

En quelques jours seulement, l'ONG a récolté des centaines de dons. “Il y a des gens qui sont venus avec des voitures chargées et certains nous disent qu’ils vont revenir la semaine prochaine", explique Stève Philémon-Montout, manager humanitaire, vice-président de l'ONG Outre-mer-solidarité-catastrophes.

"Tout ce qu’on peut nous ramener, on le prend et on trie. Plus on a, mieux c’est. Il manque de tout, vous avez vu, c’est ravagé, donc je pense qu’on a jamais assez. Le but est d’aider au maximum", ajoute-t-il.

En attente de mesures du gouvernement

Les conditions de vie des habitants de Mayotte ont provoqué la colère de nombreux manifestatants, qui ont exprimé leur colère et leur frustration lors d'une marche organisée sur le champ de Mars, à Paris.

Parmi la foule, certains ont de la famille ou des amis sur l'île. Ils relaient leur détresse qui ne s'apaise pas. Lalgré les 65 tonnes de nourritures envoyés, l'aide est jugé insuffisant.

"Donner deux bouteilles d'eau, une boîte de sardine, une boîte de thon à une famille de cinq, quel est le repas que l'on peut faire ?", s'insurge Neima. Une bombe de peinture dans les mains, elle inscrit sur un tissu blanc "Mayotte en deuil".

"Aujourd'hui, on est là pour revendiquer nos droits, comment ça se fait qu'après avoir reçu un cyclone dévastateur le gouvernement n'a pas déployé les moyens qu'il faut pour venir nous aider ?", dit-elle.

François Bayrou et plusieurs de ses ministres sont attendus le lundi 30 décembre sur l'île. Une visite sous haute tension alors que plusieurs collectifs manifestent déjà avant l'arrivée du Premier ministre. Ils réclament des mesures immédiates et dénoncent la lenteur et l'insuffisance des moyens mis en place pour aider les habitants.

De son côté, le locataire de Matignon affirme qu'il vient avec des solutions "concrètes et immédiates", sans en dire davantage.

Si l'eau potable a été réabli sur presque l'ensemble du territoire le 28 décembre, moins de la moitié de la population a accès à l'électricité. Au total, 390.000 litres d'eau et 65 tonnes de nourriture ont déjà été distribués à la population depuis la fin de la vigilance violette, ont indiqué les autorités lundi 23 décembre. Le même jour, la préfet de Mayotte a indiqué sur Facebook, que d'autres denrées alimentaires, outre la farine, avaient été également distribués aux sinistrés comme par exemple du sucre, du lait, du riz, ou encore des sardines.

Amélie Courtet, Ameline Lavechin, avec Mélanie Hennebique