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"Je ne vois pas de changement": la colère vive à Mayotte avant la visite de François Bayrou

Des maisons endommagées dans la ville de Vahibe, à la périphérie de Mamoudzou, à Mayotte, le 24 décembre 2024.

Des maisons endommagées dans la ville de Vahibe, à la périphérie de Mamoudzou, à Mayotte, le 24 décembre 2024. - PATRICK MEINHARDT

Françios Bayrou se rend à Mayotte le 30 décembre avec 5 de ses ministres, deux semaines après le passage du cyclone Chido. Sauf que les habitants attendent toujours un retour à la normale.

Lundi 30 décembre, le Premier ministre François Bayrou sera accompagné de cinq de ses ministres lors de sa visite de Mayotte censée apporter des "solutions concrètes". Le cyclone Chido, passé deux semaines plus tôt, a fait de nombreux dégâts. Bilan : 39 morts et plus de 4.000 blessés.

L'archipel est dévasté et les habitants sont loin d'espérer un retour à la normale. Violaine vient par exemple tout juste d'avoir accès à l'eau courante, et attend d'avoir accès à l'électricité.

“Quinze jours sans eau ou électricité, je suis presque au bout de ce que je peux encaisser. Faire les machines à la main, récupérer l’eau de pluie... C’est fatigant”, confie-t-elle au micro de RMC.

La colère est aussi palpable chez certains habitants, comme Bruno, qui ne supportent pas de voir leurs rues recouvertes de déchêts. "Je ne vois pas de changement, c’est horrible. L’amas de tôles, de bois... Il y a de fortes odeurs de putréfaction partout, on est obligé de sortir en tenant son tee-shirt contre le nez pour ne pas sentir et ne pas aller vomir quelque part”, déplore-t-il.

Tous dénoncent une aide qui arrive au compte-gouttes, alors que les vivres sont rationnées.

Patrick n'a plus que quelques bouteilles d'eau potable en réserve : "Il n’y a plus grand chose dans les magasins, les prix ont augmenté, les petits commerces font des packs d’eau à 11 euros et on doit faire la queue 3-4 heures pour avoir une boîte de thon”.

"C'est un ras le bol"

Alors, la visite de François Bayrou est particulièrement scrutée, tandis que le gouvernement est pointé du doigt pour ses actions jugées peu suffisantes à l'égard de l'archipel dévasté. Il sera acompagné d'Elisabeth Borne, de Manuel Valls, de Valérie Létard, de Yannick Neuder et de Thani Mohamed Soilihi.

Le chef du PS, Olivier Faure, demande en outre des actes au Premier ministre avant son arrivée à Mayotte. Il juge dans une lettre ouverte que celui-ci n’a pas adressé les bons signaux à trois reprises aux Mahorais depuis le passage du cyclone Chido. Il regrette qu’il ne se soit pas déplacé directement dans l'archipel.

Samedi 28 décembre, une mobilisation est prévue à Paris à l'appel du collectif Les Enfants de Mayotte. Hamza Den Chiffay, son président, oscille entre indignation et colère.

"Aujourd’hui, quand on entend parler de Mayotte, on dirait qu’il y a que les bidonvilles qui intéressent et les immigrés, alors que la plupart des gens n’ont pas de nouvelles de leurs parents", commence-t-il.

"C’est un ras le bol. On s’est dit qu’il faut qu’on bouge. Il faut aussi se dire que Mayotte a été délaissé par la France (...) Je le dis haut et fort, la France a des milliards pour d’autres pays, mais n’a que des miettes pour Mayotte", ajoute-t-il.

En parallèle, sur l'archipel, 34 opérations ont été menées en plusieurs jours pour rechercher les personnes disparues dans plusieurs secteurs, indique le ministère de l'Intérieur. L'absence d'état civil des 100.000 clandestins estimés ajoute une difficulté supplémentaire à un recensement du nombre de victimes.

Caroline Renaux avec Mélanie Hennebique