"On ne veut pas devenir des victimes collatérales": les bus ne s'arrêtent plus à Pissevin, à Nîmes

Plus de bus dans le quartier de Pissevin, à Nîmes. Les arrêts ne sont plus desservis depuis 16h ce mardi. C'est une très mauvaise nouvelle pour les habitants de ce quartier gangréné par les trafics de drogue, car ils sont déjà très isolés et ils ne pourront plus bénéficier de transports. Certains vont devoir faire un kilomètre à pied pour rentrer chez eux.
Au mois d'août, deux jeunes sont décédés en trois jours, l'un de 10 ans et l'autre de 18 ans. Depuis, des renforts policiers sont arrivés sur place, mais les fusillades ne cessent pas, même en plein jour. Il y a d’ailleurs eu encore deux blessés ce week-end. Alors, les chauffeurs sont tétanisés de se rendre sur place.
“Concrètement, ce sont les conducteurs et conductrices qui, tout simplement, ont la peur au ventre de pouvoir prendre une balle perdue. Nous ne pouvons prendre le risque qu’un de nos agents ou qu’un de nos voyageurs puisse à un moment donné devenir une victime collatérale”, explique Nacer Mohamedi, secrétaire de la CFDT chez Transdev.
Un isolement de plus en plus important
À Pissevin, la médiathèque a déjà été fermée depuis juin, la Poste n'ouvre pas tous les jours. Le quartier est délaissé, regrettent les associations. Cette décision n'a pas été prise de gaieté de cœur.
“Nous sommes quasiment le dernier maillon pour les habitants des quartiers. Donc nous sommes bien conscients d’à quel point nous sommes importants. On ne demande pas d’arrêter notre travail bien au contraire, on demande de pouvoir être accompagné pour continuer à assurer notre mission de service public dans des conditions acceptables”, résume Nacer Mohamedi.
Pour l'instant, les habitants de Pissevin devront faire jusqu'à deux kilomètres pour pouvoir prendre le bus.