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"Maman, j'ai fait un cauchemar, on m'a tiré dessus": après les drames, la rentrée fait peur à Nîmes

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Parents, enfants, enseignants... Tous craignent la rentrée scolaire à Nîmes, dans le quartier Pissevin-Valdegour, après des semaines marquées par la violence liée aux trafics de drogues.

Une rentrée redoutée de tous. A Nîmes, l'inquiétude monte à quelques jours de la rentrée scolaire après les fusillades mortelles qui ont frappé certains quartiers de la ville la semaine dernière.

L'ambiance est pesante dans le quartier Pissevin. Le jeune Fayed, 10 ans, tué par balles lundi 21 août alors qu'il n'avait rien à voir avec le trafic de drogue, était censé passer en sixième au collège Condorcet. Un autre jeune de 18 ans, connu des services de police, a perdu la vie, pas plus de 48h après, dans une nouvelle fusillade.

Après ces deux drames, ont suivi ce week-end deux agressions, un adolescent de 15 ans poignardé à la gorge en plein centre-ville, et un homme de 26 ans touché à l’omoplate par des tirs d’armes à feu dans le quartier Mas de Mingue.

"On ne se met plus devant les fenêtres, on ferme tout en fait depuis ce jour-là"

Un redoublement de violence cet été qui fait craindre à de nombreux parents pour la sécurité de leurs enfants en vue de la rentrée scolaire, lundi prochain.

"Je ne sais pas du tout comment ça va se passer mais je ne me vois pas du tout amener mon fils à l'école lundi prochain", témoigne à RMC Noussoura, mère de trois enfants, qui explique vivre dans la peur depuis la mort de Fayed.

Des impacts de balles perdues avaient en effet été retrouvés sur des immeubles après la fusillade qui a touché le jeune garçon de 10 ans. "On ne se met plus devant les fenêtres, on ferme tout en fait depuis ce jour-là", confie-t-elle.

"Mon fils fait des cauchemars et me réveille en me disant: 'Maman j'ai fait un cauchemar où on m'a tiré dessus'... C'est très compliqué à gérer en tant que mère", souffle-t-elle.

"Il faut que nos élèves puissent voir qu'ils ont des adultes solides en face d'eux"

Le fils de Ouria passe en 5e dans le collège où aurait dû entrer Fayed et elle craint, elle aussi, cette rentrée particulière. "Ça approche et je sais que les coeurs vont être serrés. Il y a de l'émotion et de la colère", explique-t-elle. Ouria n'habite qu'à 10 minutes à pied du collège mais préfère depuis des années, par peur, venir chercher son fils en voiture: "Je ne le laisse pas marcher à pied ici, jamais", assure-t-elle.

Pascale Thoirey-Bouyahmed, professeur au collège Condorcet, sent bien qu'il va falloir tenter de rassurer beaucoup de monde à la rentrée, encore plus que d'habitude. Et réfléchit à comment aborder le drame avec les élèves: "Si je sens qu'ils ont besoin de parler de ça et de vider leur sac avant de se mettre à autre chose, eh bien on videra le sac en premier".

"Je n'ai pas peur car il faut que nos élèves puissent voir qu'ils ont des adultes solides en face d'eux qui vont les accompagner, qu'on est une équipe et qu'on va faire face ensemble", explique-t-elle.

Elle réclame la mise en place d'une cellule psychologique, non seulement pour les élèves mais aussi pour les enseignants, dès le premier jour de classe.

Anna Jaujard (édité par J.A.)