RMC

"On nous disait qu'on allait libérer notre pays...": le douloureux parcours d'Isaac, enfant-soldat au Congo

TÉMOIGNAGE RMC - A l'occasion de la journée internationale des enfants-soldats, estimés à 10.000 par l'Unicef dans le monde, nous revenons sur le parcours Isaac, aidé par SOS Enfants après avoir été enrôlé dès son plus jeune âge.

C'est ce mercredi la Journée internationale des enfants soldats. Enrôler un enfant de moins de 15 ans dans des forces armées est un crime de guerre. Dans une vingtaine de pays, des enfants s'enrôlent ou sont pris de force dans des groupes armés. L'UNICEF estime à environ 10.000 le nombre d'enfants soldats. La plupart sur le continent africain.

Quand ils réussissent à s'échapper ou une fois rejetés, le retour à la vie civile est le moment où les enfants souffrent le plus des conséquences psychologiques de la guerre. Désoeuvrés, sans formation, sans emploi, "leurs traumatismes sont sévères et, malheureusement, durables" dit l'UNICEF, en proie aux gangs ou à de nouveaux recruteurs.

"Avec son visage poupon on a du mal à l'imaginer combattre"

Pour éviter à ces enfants-soldats de reprendre les armes, des associations proposent une réinsertion par l'emploi. SOS Enfants forme gratuitement ces enfants traumatisés, les accompagne eux et leurs proches pour retrouver une place dans la société.

Une centaine d'enfants-soldats a réussi à s'insérer depuis 2006 grâce à l'association SOS Enfants. L'association a sorti Isaac des milices en 2006 en République démocratique du Congo, souvenir ému de Christel devant des photos de lui aujourd'hui. C'est le premier enfant-soldat que Christel, la déléguée générale a aidé. "Avec son visage poupon on a du mal à l'imaginer combattre."

"La menuiserie, la maçonnerie ce sont des prétextes. C'est surtout essayer de leur retrouver une place dans la société"

Il a été traumatisé pendant longtemps par ces 10 années passés, enfant, dans un groupe rebelle.

"On nous disait qu'on allait libérer notre pays, pour garantir le bonheur à la population. Mais malheureusement, c'est la population qui a été incarcérée et ça faisait mal au coeur."

SOS enfants le recueille, choqué, violent, rejeté et le forme à la menuiserie. "Je suis devenu employé et je suis très fier." Christel aussi est fière de lui:

"Aujourd'hui je crois qu'il est arrivé au terme de quelque chose de beau. La menuiserie, la maçonnerie ce sont des prétextes. C'est surtout essayer de leur retrouver une place dans la société. Et après pourquoi pas de devenir des modèles aussi à leur tour"

Un modèle comme Isaac: c'est lui maintenant qui encadre les ex-enfants soldats au Congo. Un modèle comme Christel: papa depuis juillet, Isaac a nommé sa fille en son honneur.

Nicolas Traino et Margaux Bédé (avec J.A.)