"On paie déjà des impôts": nettoyer les villes contre de l'argent de poche, un dispositif pour les ados qui divise

Faire travailler des adolescents de 14 à 18 ans pour la collectivité, via l'entretien des espaces verts ou l'aide à la cantine, en échange d'argent de poche est une initiative de la commune de Langon, près de Bordeaux.
Ce n'est pas une première puisque ce dispositif, soutenu par la Caisse d'allocations familiales, été mis en place dans les années 1980. Plusieurs dizaines de communes y participent désormais chaque année.
Parmi elles se trouve Pontivy, dans le Morbihan. Durant les vacances scolaires, excepté à Noël, des missions d'intérêt général de trois heures sont proposées aux jeunes âgés de 14 à 17 ans qui habitent la commune. Ils sont payés 5 euros de l'heure.
Les missions peuvent aller du désherbage de la voirie, à l'entretien du cimetière, en passant par la mise en rayon à l'épicerie solidaire ou l'encadrement en centre de loisirs. Le tout est encadré par du personnel communal.
Cette année, 25 jeunes de la commune se sont inscrits et chacun peut réaliser un maximum de dix missions sur douze mois.
Une action qui divise
L'initiative séduit Yaël Mellul sur le plateau d'Estelle Denis. "Cela leur permettrait de développer ce sentiment d'appartenance à quelque chose de plus grand qu'eux, à savoir la collectivité" et "d'avoir la valeur de l'argent et du travail", indique l'ancienne avocate.
Mais le concept en repousse d'autres, à l'image de Sébastien, facteur à Dunkerque.
"On paie déjà des impôts pour avoir une ville propre", lance-t-il. Et d'ajouter: "Autant leur enseigner à ne pas salir, ça leur évitera de nettoyer derrière".
A ses yeux, il existe également d'autres façons de faire découvrir le monde professionnel. Il ne souhaite d'ailleurs pas que ses enfants participent à une telle initiative. "Ils vont trouver un travail, un job d'été, et ils vont apprendre le travail comme je l'ai fait, puis à travers les stages à l'école", explique-t-il.
Un auditeur, Yannick, intervient : "De l'argent de poche contre du travail est un travail, je ne vois pas pourquoi ces jeunes seraient utilisés de cette manière".