"On vit dans un drôle de monde": des expos, ou même des relais colis dans les églises pour financer l'entretien?

Contre la crise de foi, les églises envisagent de se réinventer. Beaucoup d'entre elles sont propriété des communes qui ont du mal à les entretenir. Et pour financer les travaux du patrimoine religieux, les églises pourraient peut-être se transformer à terme, en espace de co-working ou encore en relais-colis.
C'est en tout cas ce que préconise ce mardi sur RMC Gabriel Turquet de Beauregard, architecte des Bâtiments de France et qui vient d'élaborer un guide avec le département du Maine-et-Loire:
"Avec les groupements de communes, certains maires ont la charge d'une quinzaine d'églises qui ne sont pas toujours très utilisées", appuie-t-il.
Du soutien scolaire et de la garde d'enfants dans des églises?
Parmi les idées proposées, faire des églises des points de relais colis, avec des boîtes automatiques pour récupérer ses livraisons Amazon par exemple. Autre idée, utiliser ces locaux pour en faire des espaces de travail, de co-working: "L'idée n'est pas de transformer les églises en salle de sport mais utiliser les qualités de ces architectures et faire un lien avec leur affectation au culte".
"L'idée c'est de faire des aménagements compatibles, pas forcément en même temps, mais lier les usages d'hier, d'aujourd'hui et de demain".
Des expositions, du soutien scolaire et des gardes d'enfants pourraient aussi être organisés dans les églises. Le tout sans déroger à la loi de 1905, de séparation de l'église de l'Etat, grâce à une convention avec le diocèse, dans des lieux auxquels les Français sont attachés. Rien que dans le Maine-et-Loire, ce sont 406 églises pour 176 communes qui doivent être entretenues.
"Je préfèrerais payer l'entrée"
Si l'architexte assure que l'objectif est de faire des amènagements "compatibles avec le culte", l'idée ne convient pas à tout le monde:
"Il faut garder nos églises, nos monuments, je préfèrerais payer l'entrée de l'église et pas mélanger tout comme ils font", assure sur RMC Story, Christiane, retraitée qui se définit "catholique non-pratiquante".
"On vit dans un drôle de monde", se désespère-t-elle. "Il faut respecter nos lieux de culte et nos monuments", estimant qu'on ne peut tout mélanger dans le respect des églises.
Patrick, agriculteur de 68 ans dans la Manche, raconte quant à lui avoir été confronté à une chapelle transformée en remise de bois et une autre en cuisine, et l'idée ne lui déplaît pas totalement:
"L'église, c'est avant tout un lieu de rencontre et c'est tout ce qui reste dans certains villages. Alors si on peut recréer des lieux de vie quand il n'y a plus de commerce, ce n'est pas plus mal", juge-t-il.