Paris: pourquoi un métro 100% accessible est un vœu pieux

Dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, Matthieu Belliard revient sur le vœu d’un métro parisien intégralement accessible aux personnes handicapées formulées par Valérie Pécresse cette semaine.

Avec le début des Jeux paralympiques, la question de l’accessibilité s’impose dans le débat public, dans les transports en particulier. Mais un métro 100% accessible, c’est un vœu pieux. Si on se réfère à la loi, ce devrait déjà être le cas depuis 2015. La RATP s’enorgueillit d’avoir plus que multiplié par trois le nombre de stations accessibles. Mais c’est dû aux nouvelles gares ouvertes, disent les associations. L’enjeu, c’est l’ancien. 9% des stations de métro sont aujourd’hui accessibles, 31 sur 303. Un enjeu qui concerne une population handicapée, à mobilité réduite, appelée à s’accroître avec le vieillissement démographique.

C’est Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et aussi d’Ile-de-France Mobilités, qui a formulé le vœu d’un métro intégralement accessible cette semaine. "Ma proposition, c'est de lancer un nouvel horizon pour les transports publics, celui d'un métro pour tous, a-t-elle expliqué. A mon avis, ça peut être le chantier des prochaines décennies. Le coût estimé, c'est entre 15 et 20 milliards d'euros." Un projet balbutiant avant même d’être lancé. D’abord, il faut comprendre que ces 15 à 20 milliards d’euros, Valérie Pécresse entend en financer un tiers. Pour le reste, elle en appelle à la mairie de Paris et à l’Etat. Si la ministre démissionnaire chargée des personnes handicapées approuve, celui délégué aux Transports rappelle qu’il ne gère plus que les affaires courantes.

Expliquez-nous par Matthieu Belliard : Métro 100% accessible à Paris, un vœu pieux - 29/08

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Des travaux colossaux

À la mairie de Paris, on salue l’initiative, on est pour, mais on botte un peu en touche. En tous cas, on préfère se concentrer sur quelques stations, alors qu’on parle de 600 à 800 millions d’euros par ligne. Anne Hidalgo s’interroge: "Comment on finance, par de l’argent public, sans recettes nouvelles, un projet de cette ampleur-là?". La mairie de Paris souligne aussi que c’est la promesse de travaux colossaux et donc de nuisances durables pour les Franciliens. Il faudrait par exemple relever les quais sur de nombreuses stations pour les mettre au niveau des rames de métro.

Soulignons que d’autres villes font mieux que Paris. Il y a quelques années, la commission européenne récompensait Lyon du 1er prix des villes accessibles. Escaliers mécaniques, ascenseurs, quais équipés pour les non-voyants: l’ensemble du réseau a été revu depuis plus de 15 ans. La métropole Aix-Marseille a investi aussi, avec 7 stations sur 28 accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les autres stations doivent suivre à partir de 2026. À Lille, c’est particulier, le métro était accessible. Mais on a installé de nouveaux portiques qui rendent le passage des fauteuils roulants plus difficile.

Londres a fait mieux, mais sans suite

Et les Jeux paralympiques dans tout cela? Le point de comparaison, c’est Londres 2012. Défi plus relevé, car le métro londonien est plus ancien et plus profond. Mais avant les Jeux, les Anglais ont fait mieux que nous: 18% des stations étaient accessibles. Pour l’association APF France Handicap, on a manqué une occasion. On aurait sans doute pu faire mieux, mais il ne faut pas idéaliser Londres 2012, non plus. Les experts s’accordent pour dire que les Jeux Paralympiques ont changé le regard de la société, mais pas assez les politiques publiques. Les progrès n’ont pas suivi après 2012.

En témoigne la Britannique Tanni Grey-Thomson, 16 fois médaillée aux Jeux paralympiques. Son récit a choqué les Anglais. À Londres, cette semaine, elle s’est retrouvée coincée, en gare, dans son train, obligée de ramper hors du wagon pour accéder au quai…

Matthieu Belliard