"Pas une provocation, du réalisme": le plaidoyer de Louis Sarkozy pour la légalisation des maisons closes

En début de semaine, une élue Horizons, le parti d’Édouard Philippe, du 16e arrondissement de Paris a annoncé vouloir la réouverture des maisons closes. Cette élue parisienne a raison. Dans une interview au Figaro, elle propose un cadre légal et fiscal pour les prostituées. Un encadrement de la prostitution permettrait de lutter contre les réseaux criminels et mafieux qui exploitent les travailleuses du sexe. Des arguments qu'il faut entendre.
Je suis pour car la France ici aussi est en retard. Partout en Europe, la prostitution est encadrée: en Allemagne, depuis 2002, plus de 200.000 travailleuses du sexe exercent légalement, générant près de 15 milliards d’euros par an. Aux Pays-Bas, 80 % d’entre elles affirment préférer un système reconnu à l’ombre de la clandestinité. En Nouvelle-Zélande, la légalisation de 2003 a fait chuter la criminalité et amélioré les conditions sanitaires. Et nous, en France, nous continuons de fermer les yeux, de criminaliser les clients et d’abandonner les prostituées aux mafias.
Peu de différences entre prostitution et pornographie
Alors quid de la morale? La morale, c’est toujours l’argument des hypocrites. Nous tolérons, et nous consommons massivement, une pornographie industrielle, financée par la publicité et parfaitement légale. Quelle différence y a-t-il entre une actrice pornographique qui se donne devant une caméra et une prostituée qui le fait sans caméra? Aucune. Sinon le voyeurisme d’une société qui se donne bonne conscience en autorisant l’un et en interdisant l’autre. Ce n’est pas la vertu qui nous guide, c’est la lâcheté.
En toute honnêteté, il n’y a que très peu de différences entre prostitution et pornographie. Un individu majeur et consentant a le droit d’user de son corps comme il l’entend. L’État n’a pas à dicter l’usage que chacun fait du sien. Soyons clairs: nous pouvons condamner, dénoncer, nous opposer, telle est la beauté de la liberté. Mais la légalisation n’oblige personne à approuver. Il s’agit seulement d’appliquer la distinction, formulée par Montesquieu, entre le vice et le crime.
De nouvelles taxes pour l'Etat?
L’autre avantage, c’est que légaliser, ce n’est pas encourager, c’est contrôler. Cela signifie des tests médicaux réguliers, des conditions d’hygiène garanties, un encadrement policier et fiscal. Demain, avec des maisons closes légalisées, ce serait la fin de l’exploitation organisée, la disparition des bordels clandestins et la possibilité de redonner dignité et sécurité à celles qui n’ont jamais cessé de travailler, mais qui n’ont jamais eu de droits. Plus profondément, c’est rendre aux individus le libre choix de leur corps. L’État n’a pas à en dicter l’usage.
Je demande clairement leur réouverture, non pas par provocation, mais par réalisme. Cette industrie existe, que nous le voulions ou non. Ne vaut-il pas mieux l’encadrer ? S’assurer de sa propreté et de son hygiène ? Ne vaut-il pas mieux détruire ces réseaux criminels ? Garantir la dignité et la protection de celles et ceux qui y travaillent ? Et puis, si nous n’arrivons pas à convaincre la bureaucratie française, il suffit de lui rappeler qu’elle y trouvera, grâce aux maisons closes, de nouveaux impôts à collecter. Et rien ne fait frétiller l’État comme la perspective de nouvelles taxes. Philosophiquement, politiquement, moralement, fiscalement, la réouverture des maisons closes est une évidence.