"Pour un HLM, c'est deux, trois ans d'attente minimum": le mal-logement toujours aussi conséquent en France
La fondation Abbé Pierre alerte, cette année encore, sur le mal-logement et les difficultés des Français à trouver un toit. Elle présente ce mercredi matin son 27e rapport annuel sur l'état du mal-logement en France, en présence du président Emmanuel Macron. La plupart des candidats de gauche (Mélenchon, Roussel, Hidalgo, Taubira) seront auditionnés à cette occasion sur leur politique de lutte contre le mal-logement.
Un mal-logement accentué par la crise du Covid-19 pour 8% des Français et qui touche près de 2 jeunes de moins de 30 ans sur 10, selon une étude de la Fondation.
En parallèle, la demande de logements sociaux n’a jamais été aussi élevée. 2,2 millions de ménages sont en attente. Pourtant, la construction de HLM ralentit chaque année, une baisse constante depuis le début du quinquennat.
La galère d'Elodie et Jordan, parents de cinq enfants
Conséquence, trouver un logement social relève souvent du parcours du combattant, comme on a pu le constater dans le Pays Basque, où 70% de la population est éligible à un tel logement.
Elodie et Jordan, parents de cinq enfants, doivent quitter leur logement d’ici la fin du mois car le propriétaire le vend. Avec leurs deux salaires, ils touchent 1.800 euros par mois et des aides de la CAF. Le couple cherche un logement social. "C'est très compliqué. Pour un HLM, c’est deux, trois ans d’attente minimum", souffle Elodie.
A force de relances, Elodie et Jordan ont une piste dans un quartier populaire de Bayonne, mais rien de garanti. "Normalement, on devrait passer en commission avant la fin du mois. On est quand même prioritaire par rapport à certaines personnes, mais il peut y avoir d'autres personnes encore plus dans l’urgence aussi. C’est ce qu’elle m’a bien fait comprendre".
"Il y a une sélection drastique des candidats avec 1 attribution pour 6,5 demandes"
Le couple a dû renoncer au parc privé. La zone est très attractive et les prix ont explosé ces dernières années. "C’était déjà saturé avant, mais là c’est n’importe quoi", regrette Jordan. Txetx Etcheverry, le président de l’association ALDA, qui accompagne le couple, confirme cette difficulté connue.
"Comme le parc social est sous dimensionné, il y a une sélection drastique des candidats avec 1 attribution pour 6,5 demandes. Et les classes populaires hautes ou classes moyennes basses ont des revenus considérés comme trop élevés. Eux aussi sont pris dans une équation que personne n’arrive à résoudre."
Les communes du Pays Basque prévoient de construire 7.000 logements sociaux d’ici 2026. C’est trop peu face à la demande annuelle. Mais difficile de promettre plus, d’après les élus locaux.