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Pourquoi l'hommage d'Emmanuel Macron à Gisèle Halimi ne fait pas l’unanimité

Dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré explique pourquoi l’hommage rendu par Emmanuel Macron à Gisèle Halimi ne fait pas l’unanimité.

Un hommage national sera rendu ce mercredi après-midi à Gisèle Halimi par Emmanuel Macron. Mais cet hommage ne fait pas l’unanimité. La cérémonie sera boycottée par "Choisir la cause des femmes", l’association féministe que Gisèle Halimi avait fondée avec Simone de Beauvoir. Sa présidente ne veut pas participer à ce qu’elle considère comme un hommage "précipité et au rabais" puisqu'il n’a été annoncé qu’en fin de semaine dernière.

La cérémonie se déroulera aussi sans la présence d’un des fils de l’avocate, le journaliste Serge Halimi, qui dénonce une instrumentalisation politique en plein mouvement social.

Gisèle Halimi est morte il y a plus de deux ans et demi. Il avait été question d’un transfert au Panthéon, Emmanuel Macron semblait avoir donné son accord mais il a finalement préféré la panthéonisation de Joséphine Baker. A ce moment-là, l’Elysée a voulu organiser un hommage national dans la cour des Invalides, mais le plus jeune fils de Gisèle Halimi, le journaliste d’Europe 1 Emmanuel Faux, s’y est opposé. Il ne voulait pas d’un hommage militaire pour sa mère, connue pour son combat contre l'armée française en Algérie.

Finalement, Emmanuel Faux est mort l’été dernier, et le fils aîné, l’avocat Jean-Yves Halimi, a donné son accord pour un hommage organisé au Palais de justice de Paris.

Des plaidoiries historiques

Ce sera donc avant tout un hommage à l’avocate militante, dont deux plaidoiries sont restées dans l’histoire. Elle a défendu à Alger Djamila Boupacha, une indépendantiste accusée d’avoir commis un attentat, qui risquait la peine de mort. Gisèle Halimi avait démontré qu’elle avait été violée par des soldats français pour obtenir ses aveux et son procès s’est retourné pour devenir celui de la torture.

L’autre célèbre plaidoirie de Gisèle Halimi est celle du procès de Bobigny en 1972. Elle défendait une jeune fille poursuivie pour avoir avorté après avoir été violée. Gisèle Halimi avait obtenu son acquittement, et deux ans plus tard l’avortement avait été légalisé.

Emmanuel Macron rappellera tout à l’heure ces combats et ces engagements. Il racontera peut-être que Gisèle Halimi s'était engagée toute petite dans le féminisme. Élevée à Tunis dans une famille juive pratiquante, elle refusait de servir ses frères à table et elle avait même fait une grève de la faim pour ne pas avoir à ranger leur chambre…

Nicolas Poincaré