Procès du proxénétisme des cités: lourdes peines requises pour les prévenus

Jusqu'à six ans de prison ont été requis jeudi "pour proxénétisme" contre une dizaine de jeunes "convaincus" de n'avoir fait que "rendre service".

Le tribunal de Créteil rendra sa décision ce vendredi dans le procès de proxénétisme aggravé. Devant le tribunal correctionnel de Créteil, ils sont sept garçons et deux filles (un prévenu est absent), accusés de s'être organisés en "micro-réseaux" de proxénétisme. Agés d'à peine 20 ans, ils viennent pour la plupart de deux quartiers du Val-de-Marne et se connaissent bien.

10 prévenus encourent jusqu'à 10 ans de prison pour avoir aidé 9 jeunes filles dont 8 mineures à se prostituer entre 2016 et 2017.

Jeudi, la procureure s'est fait la voix des victimes, grandes absentes de l'audience: "Des ados au parcours chaotique en mal d'amour et de reconnaissance". Et ça, elle désigne alors les prévenus, ils l'ont parfaitement compris. "Ils avaient conscience de leur emprise", assure-t-elle.

"Un phénomène grave"

L'avocate générale demande au tribunal d'envoyer un message fort: "Dans ce dossier, on parle d'escort, de filles, de bosseuses. On banalise. Mais le proxénétisme des cités est un phénomène grave". Elle demande des peines dissuasives, jusqu'à 6 ans de prison ferme.

Un avocat de la défense s'insurge et dénonce des "réquisitions honteuses". Son client n'a que 22 ans. On lui reproche d'avoir loué des chambres d'hôtel pour une mineure. "Une mineure consentante", précise l'avocat. Maitre Plouvier harangue les juges "Mais pendez-les, pendez-les, faites passer le message dans les cités: on pend les proxénètes au tribunal de Créteil". Il reprend son calme et ajoute: "Ici on ne juge pas un phénomène social on juge des hommes".

Marion Dubreuil (avec P.B.)