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Qui était Françoise Rudetzki, la fondatrice de SOS Attentats, décédée à l'âge de 73 ans

Depuis 40 ans, elle était la porte-parole des victimes d'attentats. Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS Attentats, est décédée ce mercredi à l'âge de 73 ans. Son portrait par Nicolas Poincaré.

Françoise Rudetzki était connue pour être la fondatrice de SOS-Attentats. Depuis 40 ans et jusqu'à sa disparition, ce mercredi à l'âge de 73 ans, elle a été la porte parole des victimes.

Sa vie a basculé le 23 décembre 1983. Ce soir-là, Françoise Rudetzki, jeune juriste et femme d’affaire de 35 ans, dîne avec son mari dans le tres chic restaurant le Grand Vefour, dans les jardins du Palais Royal à Paris, pour fêter ses dix ans de mariage. Mais ce soir-là, un terroriste lance une grenade dans la salle. L’attentat ne sera jamais revendiqué.

On compte 12 blessés, dont Françoise Rudetzki qui a une jambe écrasée par une lourde porte métallique. Elle devra subir une dizaine d'opérations. Mais ce qui la frappe rapidement après cet attentat, c’est l’absence totale de considération pour les victimes: pas de statut, pas de reconnaissance, pas d’information sur l'enquête, pas d'accès au dossier.

Une vie engagée pour les victimes

Alors avec son mari, elle fonde SOS-Attentats dès 1986, alors que la France subit une vague d’attentats palestiniens. Grâce à son énergie, elle obtient très vite des résultats. Le fond de garantie des victimes du terrorisme est crée. Une petite taxe est instaurée sur tous les contrats d’assurance de France, de quoi indemniser toutes les victimes des attentats. Elle obtient aussi le droit pour les associations de se porter partie civile, et c’est pour cela qu’on l’a vu, personnellement présente, lors de tous les grands procès de terroristes depuis plus de 35 ans.

Finalement elle avait élargi son combat à toutes les victimes, bien au-delà de celles du terrorisme. C’est encore grâce à elle qu’en 1990, un fond a été crée pour indemniser toutes les victmes d’infractions pénales. Ainsi, les victimes de viols ou d’agressions peuvent désormais etre indemnisées, ce qui n’etait pas le cas auparavant.

>>> Le portrait de Nicolas Poincaré est à retrouver sur le site et l'appli RMC

"Triple peine"

Françoise Rudetzki se battait aussi pour l'intégration des enfants handicapés à l’école.  Elle qui marchait avec des béquilles depuis 1983, s’interrogeait sur la peur que nous inspire les différences liées au handicap, sur notre désir effréné de normalité.

Elle avait intitulé ses mémoires “triple peine''. La premiere peine c'était d'être née juive juste après la guerre et d’avoir souffert de l’antisemitisme. La seconde peine, c'était l’attentat. Et la troisième c'était le sida. Parce qu’elle avait contracté le virus lors des multiples transfusions liées à ses opérations de la jambe. Triple peine.

Nicolas Poincaré (édité par MM)