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50 ans après le "manifeste des 343 salopes", 343 femmes plaident pour un allongement du délai légal de l'IVG

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Certaines voix demandent l'allongement du délais légal de l'avortement, de 12 à 14 semaines. C'est la requête notamment de 343 femmes, 50 ans tout juste après le manifeste des 343 salopes, réclamant la légalisation de l'avortement en France.

Environ 5% des femmes qui sollicitent l'aide du planning familial dans les Yvelines pour une interruption volontaire de grossesse (IVG) sont au-delà du délai légal de 12 semaines.

Alors pour éviter de subir une grossesse, certaines avortent en Espagne ou aux Pays-Bas constate Claire Blanc, bénévole au planning familial dans ce département: "Je n'ai jamais rencontré une femme ravie d'aller visiter Amsterdam pour faire un IVG. Ce sont des démarches qui sont lourdes, c'est un cout extrêmement important, c'est beaucoup de stress et ce n'est jamais une décision prise à la légère", assure-t-elle à RMC

Alors certaines voix demandent l'allongement du délais légal de l'avortement, de 12 à 14 semaines. C'est la requête notamment de 343 femmes dans une tribune publiée dans le JDD, 50 ans tout juste après le "manifeste des 343 salopes", réclamant la légalisation de l'avortement en France.

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Entre 3 et 5000 IVG à l'étranger chaque année

Mais, passer de 12 à 14 semaines de délai n'est pas la meilleure solution pour aider ces femmes selon Israël Nisand, chef du service gynécologie de la maternité de l'Hôpital Américain à Paris:

"Donnons aux femmes un accès immédiat à l'IVG c'est à dire dans la semaine. Elles appellent le lundi, elles sont reçues le mardi. Plutôt que d'allonger le délai, je préférerais qu'on prenne les femmes en urgence. Plus l'IVG est tardive, plus les risques de complication sont nombreux".

Face à ces risques, il craint que de nombreux gynécologues refusent de pratiquer une IVG, passé 12 semaines de grossesse. En 2001, lorsque le délai légal avait été porté de 10 à 12 semaines, 30% des gynécologues avaient décidé de refuser de faire des IVG. Et selon Israël Nisand, le chiffre passerait à 50% avec le nouveau rallongement.

Près de 210.000 IVG sont réalisées chaque année en France. Entre 3000 et 5000 femmes, enceintes de plus de 12 semaines vont avorter à l'étranger chaque année pour un coût qui varie entre 800 et 3000 euros.

Caroline Philippe et Alexandra Sirgant (avec Guillaume Dussourt)