8 soignants, 35 minutes de vol: le "pont-aérien médical" entre Nevers et Dijon est lancé

35 minutes de vol en avion pour faire 150 kilomètres pour une journée de consultation. Voici les grands moyens déployés par l'hôpital de Nevers pour pallier le manque de médecins. Pour la première fois, l'établissement va faire venir, ce jeudi, huit spécialistes de Dijon, par la voie aérienne. Un mal nécessaire car il n'y a plus de train entre les deux communes et le trajet en voiture prend presque trois heures.
"Un hôpital qui manque de tout"
Une bonne nouvelle pour les patients. Brigitte a récemment expérimenté l’hôpital de Nevers, à la suite d'un problème de santé. Arrivée "à 14 heures, repartie à presque minuit", cette Neversoise, également représentante locale des usagers au sein de France Assos Santé, estime qu'il manque de "tout, même si certains secteurs sont plus en manque que d'autres."
Parmi les soignants qui débarquent ce jeudi, il y a deux généralistes, une cardiologue ou un pneumologue. Si Brigitte comprend les critiques, elle est ravie de cette solution:
"Quand vous êtes un patient, le moyen de transport compte beaucoup moins parce qu'il faut trouver une solution pour être pris en charge" estime cette fille.
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"Un pansement sur une jambe de bois"
Un avis pas vraiment partagé par certains membres de l'hôpital: "Ça ressemble à un pansement sur une jambe de bois. Une situation à court-terme", explique David Boucher, infirmier et représentant CFDT à l’hôpital de Nevers. Selon lui, il faudrait mieux financer l’installation des médecins dans le département.
Sans parler du coût de l’opération: 5.400 euros l’aller-retour en avion, soit 650 euros par passager. "C'est dans le déficit annoncé à 21 millions d'euros sur 2022 qu'est pris cette prise en charge de ces médecins-là.
Quant à l’impact environnemental, "des écologistes vosgiens dénoncent qu'une heure d'avion est treize fois plus émettrice en CO² qu'une heure de voiture". Ce à quoi le maire de Nevers, Denis Thuriot, leur a demandé si "on laissait mourir les gens". Le maire, pour qui "le soin est prioritaire", prédit un bilan carbone à l’équilibre si chaque semaine, des dizaines de patients ne font pas le route jusqu’à Dijon.
La situation montre surtout le problème de désert médical dans la Nièvre. Le Conseil de l'ordre des médecins juge que "15 à 20% des patients n'ont pas de médecin traitant" dans le département avec un généraliste pour plus de 2.000 patients contre un pour 854 au niveau national. Pour régler le problème, le département a annoncé le recrutement de médecins rémunérés à 6.500 euros bruts par mois pour 40 heures maximum. Mais aucun candidat n'a postulé pour les 20 postes ouverts en 2022.