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800 millions d'euros d'investissements pour les biothérapies: cap sur les médicaments du futur?

La production de biothérapies est un enjeu majeur pour l'avenir, mise en avant par le Président de la République qui a annoncé mardi 800 millions d'euros d'investissements dans les prochaines années. Mais de quoi s'agit-il exactement?

Des thérapies complexes...

Les biomédicaments regroupent une grande variété de thérapies. Parmi eux, on trouve les anticorps thérapeutiques, les produits pour la thérapie cellulaire, la thérapie génique, les hormones...

Leur point commun: issus de biotechnologies, ils sont produits à partir du vivant, contrairement aux médicaments plus classiques fabriqués chimiquement.

La production de biomédicaments est plus complexe que celle de médicaments issus de la chimie, car on travaille sur des organismes vivants. Cela les rend par ailleurs plus chers. Elle suit un protocole strict: pour les fabriquer, il faut modifier le patrimoine génétique de bactéries ou des cellules, les cultiver dans un "bioréacteur", extraire et purifier la molécule...

Quatre médicaments nouveaux sur 10 étaient des médicaments biologiques en 2017, selon la fédération des entreprises du médicament (Leem). Une proportion qui ne cesse de grimper.

... et innovantes

On compte parmi les biomédicaments des vaccins bien connus comme celui contre la grippe, ou encore l'insuline pour le diabète. Mais aussi les médicaments les plus innovants, qui seront demain, peut-être, capables de guérir cancers aujourd'hui incurables ou maladies rares.

Les anticorps "monoclonaux", notamment, ont représenté une révolution dans le traitement de nombreuses maladies comme les cancers. Ils sont fabriqués par des cellules (bactérie, levure, cellule de mammifère...) cultivées pour leur capacité à produire un anticorps spécifique.

Autre exemple de biothérapie: la thérapie cellulaire, qui consiste à transplanter des cellules saines à un patient pour remplacer les cellules malades d'un organe défaillant.

Dans tous les cas, "nous sommes en train de passer d'une époque où l'essentiel de l'innovation provenait de la chimie à une ère où elles viennent de plus en plus des biotechnologies, cela pose la problématique de la bioproduction", remarque Philippe Lamoureux, directeur général du Leem. "Le tout est de ne pas rater le virage."

La France en retard?

C'est justement là que le bât blesse. Sur la production pharmaceutique totale, "la France est passée en quinze ans de la première à la quatrième place" de l'Europe, précise Rodolphe Renac, président du cabinet de conseil Alcimed.

En termes de biothérapies seules, l'hexagone dépend à 95% des importations. Seules huit biothérapies sont produites en France sur 167 produits biologiques approuvés par l'Agence européenne du médicament sur la période 2012-2019, indique le Leem. En outre, la bioproduction ne représente que 32 sites sur 271 sites de production en France.

"La France ne produit que 3% des anticorps monoclonaux qu'elle consomme", constate par exemple Philippe Lamoureux. "Alors que l'Europe commence à faire jeu égal avec l'Amérique du Nord en capacité, avec quasiment le même nombre de sites, la France n'est pas dans le train", souligne Rodolphe Renac.

Les acteurs de la filière ont adopté en décembre un plan d'action et constitué l'Alliance France bioproduction, pour porter en 10 ans la part de produits biologiques fabriqués en France de 5% à 20%.

De son côté, Emmanuel Macron a fixé mardi comme objectif le développement de 5 nouveaux biomédicaments d'ici 5 ans.

La rédaction de RMC avec AFP