Agressions, vols et vandalisme... la violence contre les médecins en forte hausse

Près de 2.000 incidents - agressions physiques ou verbales, vols, ou vandalisme - ont été déclarés par les médecins auprès de leur Ordre professionnel en 2024, soit une hausse "alarmante" de 26% en un an, selon le recensement officiel publié lundi.
Les médecins ont ainsi signalé 1.992 incidents dont 1.207 agressions verbales ou menaces, 306 falsifications d'ordonnances, 166 vols ou tentatives, 105 agressions physiques et 104 actes de vandalisme, précise le rapport de l'Observatoire national de la Sécurité des médecins, publié par l'Ordre des médecins.
Les généralistes sont les plus agressés
Le nombre de signalements a "explosé" ces dernières années, après l'épidémie de Covid-19, a alerté le Dr Jean-Jacques Avrane, coordonnateur de l'Observatoire. Entre 2021 et 2024, il a "pratiquement doublé" (+95%).
“Il y a de plus en plus de demande qui ne correspondent pas à ce que souhaite faire le médecin, à ce qu’il veut prescrire et donc ça augmente les agressions. Il y a aussi la difficulté de trouver un médecin qui peut augmenter ces agressions, qui viennent en majorité de la part des patients ou de leurs proches, et ce sont généralement les médecins généralistes qui subissent. Même si l’ensemble des spécialités médicales sont touchées par ces violences”, explique-t-il à RMC.
Ces données reposent sur les "déclarations volontaires" des médecins via une "fiche de signalement", loin d'être systématiques. Elles sont donc "la face visible de l'iceberg" et traduisent à la fois une progression de la connaissance du dispositif par les praticiens et une hausse "alarmante" de la violence, a estimé Jean-Jacques Avrane. Elles sont à rapporter aux quelque 200.000 médecins en activité régulière en France.
Les généralistes sont les plus agressés (63% des déclarations alors qu'ils représentent 57% des médecins en France). Mais de nombreux spécialistes sont aussi concernés, dont les psychiatres (4%), en lien notamment avec le trafic de médicaments comme les substituts aux opiacés, ou les ophtalmologues, gynécologues, médecins du travail, cardiologues et dermatologues (2% chacun), a-t-il détaillé.
"Casser cette spirale de la violence"
Les motifs sont principalement des "reproches liés à la prise en charge" (32% des cas), des refus de prescriptions (17%) ou un temps d'attente ou de rendez-vous jugé excessif (8%). La falsification de documents (ordonnances, certificat...), longtemps minoritaire, représente désormais "un quart des incidents".
Ces chiffres concernent essentiellement la médecine de ville (74%). "A l'hôpital le directeur a tendance peut-être à vouloir directement régler le problème", a commenté M. Avrane.
Seuls 35% des médecins agressés ont déposé plainte et 7% une main courante. Pour "casser cette spirale de la violence", l'Ordre a notamment signé "une centaine de protocoles" avec des parquets, Agences régionales de santé (ARS) et forces de l'ordre, pour favoriser le contact direct et une justice plus rapide.
La loi Pradal - promulguée en 2025 mais dont certains décrets manquent - a alourdi les sanctions pour violences et outrages à l'encontre des soignants, s'est réjoui M. Avrane. Elle permettra aussi aux directeurs d'établissement et à l'Ordre de déposer plainte à la place de la victime.