Aide à mourir: "Les labos pharmaceutiques vont se désengager de la recherche", craint un auditeur

Une étape importante vers la légalisation de l'aide active à mourir. Les députés ont a une large majorité voté en première lecture la loi sur la fin de vie, ouvrant la voie à une légalisation du suicide assisté.
Un vote vu comme "une grande victoire et une grande avancée" pour Gérald, 57 ans: "C'est important pour tous les gens qui ont des maladies incurables et qui souffrent physiquement et psychiquement", explique-t-il ce mercredi sur RMC et RMC Story alors que deux membres de sa famille - sa grand-mère et son père - sont morts de la maladie de Charcot. "J'aurais été bien content s'il y avait eu" à l'époque "ce moyen de partir dans la dignité", avance-t-il. "C'est une belle chose."
Effet pervers
Mais il craint un effet pervers: "Ce qui me fait peur, c'est que les laboratoires pharmaceutiques se désengagent de la rechercher médicale parce qu'on sait que c'est avant tout de l'argent", alerte Gérald. Il craint que sans souffrance associée à certaines maladies avec la fin de vie, on ne fasse plus l'effort de la recherche pour les soigner.
Notamment en ce qui concerne la "thérapie génique", avance-t-il, "qui ne rapporte rien aux laboratoires", selon lui. Sur des maladies comme celle de Charcot, "on peut considérer qu'il n''y a pas grand chose à faire", poursuit Gérald, qui redoute donc un arrêt des recherches. Et donc moins de traitements qui pourraient tout de même aider les patients malades à mieux supporter la maladie.
Avec le risque que certaines personnes décident de partir "trop tôt"? "C'est le risque, notamment chez les personnes qui sont "moins forts de caractère". Pour eux, "cela pourrait être moralement compliqué de ne pas avoir recours" à la disposition de l'aide à mourir et donc "de continuer à se battre".
"Il n'y a pas de gauche ou de droite concernant la souffrance"
Mais Gérald est catégorique: "Il faut respecter la volonté de la personne, même si c'est trop tôt." Et il rappelle: "À n'importe quel âge, c'est toujours trop tôt quand il s'agit des proches."
Gérald regrette aussi une "tournure politique" des débats à l'Assemblée nationale. "Ce n'est pas dans l'esprit des personnes qui ont oeuvré pour faire passer cette loi", dit-il. "Il n'y a pas de gauche et droite concernant la souffrance, tout le monde souffre, tout le monde peut être concerné, c'est important à comprendre."
"Il aura fallu du temps, de la souffrance pour certains, du combat mais je reste conscient que c'est une grande victoire et une grande avancée", conclut Gérald.
Le patient devra s'administrer la dose létale lui-même
Pour pouvoir recourir à l'aide à mourir en France, il faudra respecter 5 conditions cumulatives qui serviront de garde-fous. Il faudra ainsi être majeur, être français ou étranger résident régulier en France, être atteint d'une affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale.
Il faudra aussi que la souffrance physique ou psychologique soit constante et les traitements inefficaces. Enfin, il faudra être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée. Dernier point, c'est le patient lui-même qui sera, s'il le peut, chargé de s'administrer la dose létale.