Alcool, cigarettes, nourriture, écrans: tous "addicts" à cause du confinement?
"Ne culpabilisez pas": tel est le message de l’addictologue Philippe Batel, concernant une potentielle hausse de la consommation d’alcool en cette période de confinement.
Pour "faire face au stress" pendant l'épidémie, "ne cherchez pas à canaliser vos émotions en fumant, en buvant de l’alcool ou en consommant d'autres produits stupéfiants", recommande l’OMS. Pourtant, pour de nombreux individus, ce comportement est inévitable.
Depuis plusieurs jours, nombreux sont les appels à organiser des "apéros digitaux", qui sous-entend inévitablement l’action de boire un verre. Un comportement normal, qui ne doit évidemment pas tomber dans l’excès, prévient le professeur.
"Plusieurs facteurs vont concourir au fait qu’en période de confinement, les individus vont augmenter un grand nombre de consommations. La consommation d’écrans, notamment chez les ados avec l’alibi qu’ils vont étudier. On mange plus, on fume plus et on boit plus. Le confinement provoque du stress, l’angoisse de la mort, on a envie de s’échapper et par conséquent, la consommation de l’alcool rentre dans cette envie de s’évader un peu et d’avoir moins d’ennuis".
"Les caves, restent ouvertes au même titre que les magasins alimentaires"
Alors, pour limiter ce risque d’addiction, il est nécessaire de trouver d’autres moyens de se détendre: lecture, moments de partage, yoga… autant d’activités qui peuvent aider à mieux vivre cette période de confinement.
Mais pour le Pr Philippe Batel, un autre élément a favorisé cette consommation accrue d’alcool: le choix du gouvernement de maintenir ouvert les cavistes.
"On a essayé de nous expliquer en pleine crise sanitaire, que les caves, resteraient ouvertes au même titre que les magasins alimentaires et que donc elles sont indispensables. Les cavistes n’avaient pas être ouverts en dehors de la volonté d’écouler les stocks (…) L’alcool peut augmenter considérablement les comportements agressifs, ce qui n’est évidemment pas favorable en cette période".
"Le prohibitionnisme est la pire des solutions"
Certains départements ont décidé d’aller à l’encontre de cette autorisation gouvernementale en interdisant l’ouverture de ces commerces mais finalement, se sont ravisés. C’est le cas de l’Aisne. Paradoxalement, pour l’addictologue, interdire totalement la vente d’alcool en cette période de crise est "une erreur": "Le prohibitionnisme est la pire des solutions pour essayer de limiter les dégâts de l’alcool surtout dans ces périodes de confinement".