Alimentation, prise de sang, urine, sport... La santé de 3.150 Français va être évaluée tous les 2 ans

Lancée cette année, une enquête d'ampleur inédite va sonder tous les deux ans des échantillons distincts de quelque 3.150 personnes, enfants et adultes, âgés de 0 à 79 ans, sélectionnés au hasard sur 167 zones d'enquêtes "réparties aléatoirement" dans l'Hexagone, pour la première phase (2025-2026).
Co-pilotée par Santé publique France (SpF) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement (Anses), l'enquête Albane va ainsi documenter l'exposition des Français à "une quinzaine de familles de substances présentes dans l'environnement" notamment.
L'objectif est d'"établir des valeurs de référence d'exposition à partir des niveaux d'imprégnation de la population" générale à ces substances afin de montrer "quelles sont les maladies développées en fonction des expositions, des habitudes alimentaires et des caractéristiques de l'environnement décrites ou mesurées".
Prélèvements d'urine, cheveux, enquête alimentaire...
"Albane" inclura un questionnaire réalisé en face-à-face par l'institut Ipsos, un auto-questionnaire en ligne, une enquête alimentaire, une mesure de l'activité physique sur 7 jours et un examen de santé (prélèvements d'urine, de sang et de cheveux selon l'âge des participants).
Une fois croisées avec celles du Système National des Données de Santé (SNDS), ces données anonymisées doivent permettre de "mieux objectiver la fréquence des maladies chroniques et des facteurs de risques", en particulier leur "part non diagnostiquée" et d'alimenter des travaux de l'Anses visant à établir des valeurs toxicologiques de référence pour une substance.
"Enquête innovante, cyclique"
Éric Vial, de l'Anses, explique au micro de RMC en quoi cette enquête est importante: "D'abord, c'est de participer à une enquête nationale inédite et inégalée. D'identifier les problématiques de santé publique de façon à y répondre le plus réactivement possible dans les années qui viennent. Globalement, que nous aillons mieux tous ensemble".
"C'est une enquête innovante, cyclique (...) à l'image de dispositifs qui existent aux États-Unis ou au Canada", qui permettra "d'être réactifs et de pouvoir rajouter des questions spécifiques, donc d'apporter des réponses à une attente sociale ou des questions politiques ou sociétales", a précisé Caroline Semaille, directrice générale de SpF lors d'une conférence de presse.
"Ne manquer aucun pesticide"
Ainsi, les métaux auxquels la population française est exposée tels que "le cadmium, le mercure ou le plomb", seront recherchés "dans le sang et les urines" des participants, tout comme les polluants organiques persistants (composés perfluorés, PCB, dioxydes et furanes, hydrocarbures aromatiques polycycliques), a détaillé Loïc Rambaud, chef de projet de l'enquête Albane.
Mais aussi les phtalates, "ajoutés aux plastiques pour les rendre plus mous", les bisphénols, qui sont "pour certains, des perturbateurs endocriniens" et "l'ensemble des familles de pesticides", dont certains sont "interdits, mais qu'on retrouve largement dans la population et l'environnement", ou encore "les néonicotinoïdes et certains antifongiques".
"Une analyse assez large de l'ensemble des pesticides qu'on pourrait trouver dans les urines" sera menée, de façon à "être sûr de n'en manquer aucun", a précisé Loïc Rambaud. Des données complémentaires aux résultats de l'étude PestiRiv, attendus en octobre, sur l'exposition aux pesticides des habitants des zones viticoles.
Elle prolonge des enquêtes précédentes (INCA de l'Anses, Étude nationale nutrition santé et Esteban de SpF) et permettra d'aller, "dans un environnement, rechercher les éléments qui sont éventuellement négatifs pour la santé des Français", a complété Benoît Vallée, directeur général de l'Anses.