Androcur: une patiente obtient la condamnation de trois laboratoires, une première en France

Il s'agit d'une première en France. Une patiente atteinte de tumeurs au cerveau non-cancéreuses a fait condamner des laboratoires pharmaceutiques pour défaut d'information, lundi 2 juin.
Véronique Dujardin, française de 55 ans, a obtenu gain de cause et va être indemnisée à hauteur de 325 000 euros par les laboratoires Bayer, Viatris et Sandoz.
Pendant 20 ans, elle a suivi un traitement à base d'Androcur, un médicament qui lui a provoqué des méningiomes, ces fameuses tumeurs non-cancéreuses des membranes qui entourent le cerveau.
La justice a estimé que les laboratoires, mais aussi les médecins et les pharmaciens connaissaient les risques, mais personne ne l'a jamais informé des effets secondaires.
Des cas déjà connus
Pendant six ans, Véronique Dujardin s'est battue dans les tribunaux. Plus d'une quinzaine d'audiences, jusqu'au soulagement, lundi. "Jusqu'à aujourd'hui, c'était 'c'est la faute à pas de chance'. Là, c'est la faute des laboratoires qui n'ont pas prévenu qu'ils connaissaient un risque".
Le risque de développer des méningiomes, des tumeurs au cerveau non cancéreuses, causés par l'Androcur. Elle en a pris pendant 22 ans pour soigner une maladie provoquant notamment de l'hyperpilosité.
En 2013, le diagnostic tombe : "J'ai trois méningiomes", raconte-t-elle. Elle arrête le traitement, mais trop tard : son nerf optique est compressé, une partie de son oeil gauche ne fonctionne plus. Elle souffre aussi d'une hémiplagie partielle. "Si j'arrête les exercices de kiné, je vais tomber", ajoute Véronique.
Alors qu'elle aurait pu être informée de ces effets secondaires graves, bien plus tôt.
"Depuis 2004, ils avaient au moins une vingtaine de cas connus. Il suffisait de prévenir, est-ce qu'on arrête ou on n'arrête pas le traitement, dans ce cas-là on le fait en connaissance de cause", reprend-elle.
Sur les trois laboratoires condamnés, Bayer a déjà décidé de faire appel. Mais l'avocat de la victime, Romain Sintès, salue quand même une décision historique. "On ne peut plus tolérer que tous ces laboratoires se taisent sur ces effets secondaires qui sont particulièrement graves, invalidants, et surtout irréversibles".
Véronique Dujardin, elle, espère que son histoire incitera les personnes sous Andocur à faire des examens pour détecter d'éventuel méningiome.