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Médicaments anti-obésité: l'ANSM veut élargir leur prescription par les médecins généralistes

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L’ANSM veut élargir la prescription des médicaments anti-obésité, aujourd’hui réservée aux spécialistes, pour faciliter l’accès des patients qui peinent à obtenir un rendez-vous.

Wegovy, Mounjaro et Saxenda... Ces médicaments anti-obésité seront-ils bientôt prescrits par les médecins généralistes ? C'est en tout cas ce que souhaite l'Agence nationale du médicament, l'ANSM, qui vise un "accès plus équitable à ces traitements contre l’obésité", précise-t-elle à RMC.

Il y a même urgence selon l'organisme, car certains patients ont du mal à s'en procurer faute de trouver un rendez-vous avec un spécialiste. Pour l'heure, seuls les endocrinologues ou les médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition sont autorisés à les prescrire, alors qu'un Français sur deux est en surpoids ou en obésité.

Les généralistes peuvent déjà techniquement les prescrire, mais seulement en renouvellement, la première intention étant pour le moment réservée à certains spécilaistes.

Alors la décision est très attendue par les soignants, comme par les malades.

Des délais interminables

"C'était illogique qu'on ne puisse déjà pas le prescrire", souffle Patricia Lefébure, généraliste et présidente de la Fédération des médecins de France.

L'annonce de l'ANSM est une "excellente nouvelle" pour la présidente du Collectif national des associations d’obèses, Anne-Sophie Joly : "On a quand même 10 millions de personnes qui souffrent d'obésité en France", assure-t-elle, "Il y a une absolue nécessité d'avoir une égalité d'accès aux soins".

Car les délais pour consulter un spécialiste sont énormes, et les patients attendent longtemps avant de se voir prescrire ces traitements. "On a 2.500 prescripteurs actuellement", bien trop peu selon l'endocrinologue Emmanuel Disse.

Le chef du service d'endocrinologie-diabète-nutrition de l'hôpital Lyon Sud salue "une chance pour les patients", avec tout de même une mise en garde : "Il n'y a que trois heures de formation d'obésité dans le parcours université des médecins généralistes." Pour que la prise en charge soit efficace, il faudrait que les médecins généralistes puissent s'investir dans la prise en charge diététique ou en activité physique", ajoute le membre de la Société française d'endocrinologie.

Un point également important pour Amandine, médicamentée sous Wegovy depuis plus de deux ans : "Il faut vraiment comprendre déjà quel est le comportement alimentaire de la personne", assure-t-elle, "Le médecin généraliste il n'a pas le temps. Moi, quand je le vois, c'est 15 minutes maximum, alors que mon endocrinologue, c'est une heure..."

Tous s'accordent sur un autre frein : le prix de ces médicaments. Le Wegovy par exemple coûte 300 euros par mois. Les discussions sur un potentiel remboursement par la Sécurité Sociale sont toujours en cours.

Solène Leroux avec LAM