Arrêts maladie: comment la Sécu et les entreprises luttent contre les abus

L'Assurance-maladie tire à nouveau la sonnette d'alarme sur les arrêts abusifs. Depuis quelques jours, un nouveau spot est diffusé et dans cette communication les premiers visés, ce sont les patients accusés de frauder. "Un arrêt de travail, ça ne se "prend" pas, ça se prescrit", peut-on lire sur le site d'Ameli.
Sauf qu’ils ne sont pas les seuls concernés. Pour un arrêt, il faut un médecin, et derrière l’employé l’envoie à son entreprise évidemment. “Il y a forcément de vrais arrêts. Mais au-delà de ça, on sent vraiment le manque de respect. Plusieurs fois, mes salariés sortent le jeudi soir, on voit leur story avec la bouteille de champagne et puis le lendemain, ils plantent les collègues en disant, j’ai mal à la tête, je rentre chez moi”, témoigne Julien, chef d’entreprise.
Et à la clé, un arrêt maladie bien réel. Laurent lui aussi chef d’entreprise, et il pointe un autre problème :
“Il y a souvent des arrêts-maladies qui arrivent après un ras-le-bol de travailler, une pression un peu forte et donc qu’ils ont du mal à supporter. Le salarié, s’il ne veut plus travailler dans l’entreprise, se met en arrêt maladie. Et ça nous a amenés à chaque fois à des ruptures conventionnelles”, souligne-t-il.
Des médecins accusés de délivrer trop d'arrêts
Ce sont justement ces arrêts-maladies qui coûtent le plus cher. Le coût total des arrêts en 2025 est de 16 milliards d'euros, dont deux tiers concernent ces arrêts de travail de plus de six mois, nous dit la Sécurité sociale. La suspicion est du côté des patients, mais aussi sur les médecins. RMC a pu s'entretenir avec l’un d’eux, suspecté de délivrer trop d’arrêts-maladies.
Ce Dr H. a été contrôlé deux fois, la première fois date d’il y a une dizaine d’années. Il s’attend à être tout bientôt contrôlé à nouveau. Ça ne lui fait pas plaisir bien sûr, mais il est droit dans ses bottes. “Je ne fais pas d’arrêt de complaisance, donc je n’ai aucun souci sur le fait que mes arrêts soient contrôlés. Moi, je n’ai rien contre les contrôles de la Sécu, mais le problème, c’est qu’ils ne contrôlent pas assez”, appuie-t-il, pointant un manque de personnel à l'Assurance maladie.
Ces entreprises qui organisent des contre-visites privées
Face à ce manque de contrôles que patients, médecins et entreprises pointent tous, certains employeurs font désormais le choix des contre-visites médicales privées. C'est le cas dans la boîte d'Arnaud.
“On a fait intervenir une entreprise qui regroupe des médecins qui sont habilités à rendre visite aux salariés en arrêt pour voir s’ils sont à leur domicile. Ils remplissent un compte-rendu qui est transmis à l’employeur. On a eu un salarié absent une fois, deux fois et en fait, on a appris après coup que le salarié était à l’étranger”, détaille-t-il.
C’est dans ce cas 200 euros la visite de contrôle. Et oui, c'est légal. Mais attention ce n'est pas la norme. Ce qui se passe ensuite, c'est que l'entreprise envoie tout à la Sécu, pour faire stopper les indemnités abusives. Sauf que ces contrôles restent parfois lettre morte.
"Il faut améliorer les circuits d’information", reconnaît le DG de la sécu à RMC
Manque de réactivité, de contrôles... Les entreprises, les médecins, tout le monde tape sur la Sécu. Elle dit que les contrôles existent déjà, elles sont multiples sur tous les fronts, l’entreprise, le médecin, le patient.
“Notre responsabilité, c’est d’être réactif par rapport à ces sollicitations. S'il y a des situations individuelles sur lesquelles on n’a pas été réactif, il faut améliorer les circuits d’information. Mais ils sont déjà assez largement ouverts”, appuie Thomas Fatôme, le directeur général de l'Assurance-maladie.
Tout le monde se renvoie donc la balle, mais tous semblent vouloir taper sur un ennemi commun, les fraudeurs.