RMC
Travail

L'Assurance maladie veut lutter contre les arrêts-maladie trop longs: "On va fixer des limites"

placeholder video
L'Assurance maladie veut lutter contre les arrêts-maladie de longue durée en limitant leur prescription en nombre de jours. Une manière d'obliger les patients à revenir devant le médecin afin de les prolonger, améliorant le suivi, explique sur RMC Thomas Fatôme, le directeur général de la Cnam, la Caisse nationale d'assurance-maladie.

Haro sur les arrêts-maladie longue durée. Dans un rapport présenté ce mardi, la Cnam, la Caisse nationale de l'assurance-maladie, avance 60 propositions en vue de faire 3,9 milliards d'économies dès 2026 et plus de 22 milliards à l'horizon 2030.

Et dans le viseur de l'Assurance-maladie, les arrêts de travail notamment, qui ont coûté plus de 10 milliards d'euros à la Cnam en 2023 selon la Drees, alors que les indemnités journalières sont en hausse de près de 6% chaque année.

Alors pour faire des économies, l'Assurance maladie propose d'encadrer davantage la prescription en limitant la durée de l'arrêt prescrit par un médecin à 15 jours et à un mois en sortie d'hôpital. Et si un renouvellement est nécessaire, le patient devrait revoir un médecin.

"Il y a des burn out, des risques psycho-sociaux, mais il y a aussi sûrement des abus et des fraudes et notre responsabilité c'est de faire évoluer le système pour qu'il soit plus soutenable", explique ce mercredi sur RMC et RMC Story Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam.
Le choix d'Apolline : Thomas Fatôme - 25/06
Le choix d'Apolline : Thomas Fatôme - 25/06
11:28

Des arrêts plus courts pour un suivi plus efficace?

Ce sont surtout les arrêts-maladie longue durée que l'Assurance maladie veut faire évoluer: "On a des prescriptions trop longues, notamment pour des troubles dépressifs mineurs ou la science demande des arrêts de 15 jours pour avoir un suivi. Aujourd'hui, on veut fixer des bornes, des limites à des durées d'arrêts de travail et empêcher d'en prescrire sur 3 mois parce qu'il faut des suivis".

Une proposition qui ne convainc pas le docteur Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux: "On suit nos patients, si on les met 3 mois en arrêt, c'est qu'on sait qu'il n'y a pas besoin de les revoir avant. On se fixe sur l'évolution naturelle et sous traitement de la maladie, de façon à revoir le patient au moment opportun", défend-elle.

Autres arrêts de travail, ceux de plusieurs années: "On a des personnes qui ne sont pas en affection longue durée (ALD), pas à 100% et peuvent avoir 3 ans d'arrêt de travail avec des arrêts successifs. Il faut revoir ce système qui va éloigner durablement des gens du monde du travail alors qu'ils n'ont pas forcément des pathologies importantes", décrit Thomas Fatôme.

Une hausse des coûts logique au vu du vieillisement de la population?

La hausse du coût de ces arrêts longue durée a aussi une explication économique: "Il y a plus de population active qui vieillit, et c'est indexé sur les salaires, ce qui augmente quand il y a beaucoup d'inflation comme en 2022 et 2023", reconnaît Thomas Fatôme.

L'Assurance maladie souhaite aussi que les médecins soient obligés d'indiquer le motif de l'arrêt de travail ou encore revoir la prise en charge des cures thermales pour certaines pathologies. Des cures aujourd'hui intégralement remboursées à tous les patients qui souffrent d'une maladie chronique.

La version finale de ce rapport doit être publiée après le vote du Conseil de la Cnam, le 3 juillet, avant d'être de nouveau proposé au gouvernement.

Ameline Lavechin avec Guillaume Dussourt