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Autisme et psychanalyse: "Les fonds publics doivent aller à des pratiques scientifiques"

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Le député LR Daniel Fasquelle a proposé jeudi une proposition de résolution devant l’Assemblée nationale visant à "interdire les pratiques psychanalytiques dans la prise en charge de l’autisme". Elle a finalement été repoussée, mais pour Sophie Robert, auteur du documentaire sur la psychanalyse et l’autisme Le Mur, c’est une étape importante.

Sophie Robert, réalisatrice, auteur du documentaire Le Mur.

"Pour la première fois, les psychanalystes sont obligés de se défendre. Alors que pendant très longtemps, ça allait de soi et ce n'était même pas discutable. C'est un changement. Il faut que les gens puissent avoir le choix. On a le droit d'aller voir un magnétiseur si on veut. Mais les fonds publics doivent aller à des pratiques qui sont scientifiques, validées par des preuves.

Mon documentaire a été censuré pendant deux ans, mais les associations de psychanalystes n'ont pas réussi à l'étouffer. Ils font une lecture fondamentaliste de leurs dogmes, qui sont complètement a-scientifiques, et qui sont complètement dépassés. 

Ils ont des dogmes qui broient des familles et en plus ils ne supportent pas les personnes qui ne sont pas d'accord avec eux. Pour eux, l'autisme c'est la faute de la mère, c'est une problématique sexuelle. Ils sont obsédés par la sexualité, par une vision délirante de la sexualité.

"Les psychanalystes ne lâcheront jamais leur situation de pouvoir"

A l'époque du film Le Mur, j'ai filmé 27 psychanalystes. Je leur ai demandé s'ils se considéraient comme une science. 25 m'ont dit que non. Ils sont violemment opposés à la science. Il ne faut surtout pas dépasser Freud et Lacan.

Sur le terrain, c'est une perte de chance effroyable pour les enfants autistes. Non seulement on n'apporte pas de solutions à l'enfant, mais en plus on culpabilise les parents. D'un point de vue économique c'est très simple. J'avais rencontré un psychanalyste à l'époque du Mur qui m'avait dit 'si on laisse faire les parents, ce sera comme en Angleterre. Les gamins vont tous aller à l'école, et nous comment on va travailler?'. 

Une journée de prise en charge psychanalytique en hôpital de jour, c'est remboursé de 800 à 1000 euros par jour. Même si c'est une consultation externe. C'est remboursé intégralement, et sans vérifier où va l'argent, parce qu'il n'y a pas de tarification à l'acte en psychiatrie.

Les choses ne vont pas se passer toutes seules. Les psychanalystes ne lâcheront jamais leur situation de pouvoir. Ils ont absolument besoin de leurs postes en institution. En fait ils sont en train de se battre pour leur intérêt financier. Il y a des gens qui ouvrent les yeux, la situation évolue sur le terrain. Mais elle est très fragile."

Propos recueillis par Antoine Maes