Autorisation du glyphosate pour 10 ans de plus dans l'UE: la France s'abstient du vote

La France a décidé de s'abstenir lors du vote sur la proposition de Bruxelles de reconduire pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne, rendant a priori impossible l'obtention de la majorité qualifiée requise pour la valider, a annoncé le ministre français de l'Agriculture Marc Fesneau.
"On a dit, depuis le début, que la proposition de la Commission telle qu'elle est formulée, 10 ans sans conditions, ne correspondait pas à la trajectoire" décidée par la France depuis plusieurs années, qui est de "restreindre les usages là où il y a des alternatives pour faire en sorte qu'il y ait moins de glyphosate", un herbicide controversé, a-t-il justifié.
Les pays pas tous d'accord
La Commission européenne propose de prolonger l’autorisation du glyphosate pendant 10 ans. Pour se justifier, l’instance site un rapport de l’autorité européenne de sécurité des aliments. Sa conclusion, le glyphosate ne présente pas de “domaine critique de préoccupation”.
Pas de raison, donc, de se passer d’un herbicide bien utile pour conserver une agriculture européenne concurrentielle au niveau mondial. Mais consciente des désaccords au sein des Etats membres, la Commission propose une prolongation sous conditions. Problème, ces garde-fous sont trop faibles pour certains pays comme la France, l’Allemagne ou les Pays-Bas.
Pas de solution de substition?
Un vote qui ne va sûrement pas satisfaire Jean-François Lamassé, vice-président de la FDSEA de la Haute-Garonne. Il demandait à l’Europe et à la France de prendre leurs responsabilités.
“Il faut qu’on porte pour le glyphosate. Nous ce qu’on veut, c’est que le gouvernement soit un peu plus courageux que ce qu'il est. On fait plaisir un peu aux écologistes, un peu aux agriculteurs, mais ça ne marche pas. Le glyphosate, on en a besoin, il n’y a pas de produit de substitution. Il n’y a pas de produit pour éradiquer l’ambroisie, le datura …. Et ce qu’il faut savoir, c’est que le blé qui entre de l’étranger est sur-glyphosaté alors que nous avons des normes entre 2,5 litres et 3 litres. Par exemple, au Canada, ils sont à plus de 10 litres par hectare”, indique-t-il.
Pour tenter de convaincre les sceptiques, la commissaire européenne à la santé a précisé: chacun pourra, au niveau national, restreindre l’utilisation du pesticide, s’il l’estime nécessaire.