"C'est hyper dur": pour la PMA, un vrai parcours du combattant pour les couples mixtes

Anne, 43 ans, a contacté "RMC s’engage avec vous". Avec son compagnon, elle souhaite avoir un enfant, mais elle a des problèmes de fertilité et elle a donc besoin d’un don d’ovule. Mais c’est le début du désenchantement.
D’abord, elle est mal renseignée par l’hôpital auquel elle s’adresse. On lui dit qu’elle est trop vieille pour une procréation médicalement assistée. C’est faux: la PMA est possible jusqu’à 45 ans, et prise en charge à 100% par la Sécurité sociale jusqu’à 43 ans.
Mais surtout, Anne est née en Inde avant d’être adoptée par une famille française. Dans ces cas-là, les médecins font tout pour que l’enfant ait la même couleur de peau que ses parents. Et ça complique les choses.
“Pour les femmes d’ascendance africaine, par exemple, c'est hyper dur. Donc quand on est d’une ethnie encore plus minoritaire, c’est… Je n’imagine même pas les délais”, témoigne Anne.
Ces délais, la rédaction les a trouvés. Pour un couple blanc, il faut compter deux ans pour bénéficier d’un don d’ovule qui leur ressemble. Pour un couple mixte, c’est trois à dix ans.
Pas assez de dons
Il n’y a tout simplement pas suffisamment de donneuses. Fin 2022, il y avait environ deux fois plus de demandes que de dons. En France, le don d’ovocyte est un acte gratuit, possible pour les femmes entre 18 et 37 ans. La procédure est simple, mais contraignante. Il faut stimuler les ovaires avec des prises d’hormones pendant une dizaine de jours, avant le prélèvement à l’hôpital, qui dure une dizaine de minutes.
Alors, pour changer la donne, on informe et on sensibilise, comme le fait l’agence de biomédecine. En octobre dernier, l’organisme a lancé une campagne nationale intitulée #FaitesDesParents, pour inciter aux dons. La campagne s’est arrêtée en janvier. RMC a demandé à l’agence de prolonger l’effort de sensibilisation.
Et c’est pour ça qu’Anne a écrit à la rédaction, pour appeler au don, mais aussi inciter les jeunes femmes à anticiper leur désir de maternité.
“Moi, je dirais à toutes les jeunes filles que, si vous êtes d’origine étrangère et que vous avez la possibilité de faire conserver vos ovocytes, faites-le. Et si elles acceptent d’être donneuses aussi, elles aideront d’autres femmes”, conseille Anne.
Aujourd’hui, une des solutions qui s’offrent à Anne, c’est l’Espagne, par exemple, où il n’y a pas de limite d’âge pour la PMA et où l’accès au don est facilité. Une démarche évidemment coûteuse. Cette dernière a lancé une cagnotte en ligne et compte sur la solidarité de celles et ceux qui seront touchés par son parcours.