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"C'est inadmissible une pression aussi faible": un an après le scandale Buitoni, rien n'a changé

Les effectifs de contrôles sanitaires sont toujours insuffisants assure un responsable d'une association de consommateurs, un an après la révélation par RMC du scandale Buitoni et la mort de deux enfants, contaminés par la bactérie E.Coli. L'Etat semble plutôt miser sur l'auto-contrôle des industriels.

Un an après la mort de deux enfants, contaminés comme 54 autres par la bactérie E.Coli présente dans des pizzas surgelées Fraich'Up de Buitoni, où en est la sécurité alimentaire en France? Si le niveau d'hygiène reste élevé dans les produits industriels, les effectifs effectuant des contrôles ont baissé.

"On a en moyenne un très bon niveau d'hygiène qui a énormément progressé au cours des 50 dernières années, mais depuis plusieurs années, il y a une réduction régulière des effectifs des services officiels de contrôle", alerte ce vendredi sur RMC Olivier Andrault, chargé de mission agriculture/alimentation à l'association de consommateurs UFC-Que-Choisir.

"L'essentiel de l'industrie alimentaire fait très attention"

Selon lui, entre 2017 et 2019, la DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, a vu ses effectifs baisser de 20%. Même chose pour les effectifs vétérinaires qui ont fondu de 11%. "Il y a moins de contrôleurs donc moins de contrôles. Ces contrôles ont baissé d'un quart entre 2011 et 2016", alerte Olivier Andrault.

"L'essentiel de l'industrie alimentaire fait très attention, notamment avec les auto-contrôles, mais cela coûte cher et s'il y a moins de pression de contrôles, il se peut que certains industriels délaissent les contrôles et c'est là que les dangers peuvent arriver", prévient-il.

Une évolution mineure

Et malgré la révélation par RMC du scandale Buitoni, Olivier Andrault ne constate pas de modification parmi les effectifs des contrôleurs: "La seule modification qu'il y a eu c'est que désormais, la totalité des contrôles qui étaient auparavant répartis entre la DGCCRF et la direction générale de l'alimentation, ont été mis sous l'égide du ministère de l'Agriculture".

"Dans l'usine Buitoni de Caudry, il n'y a eu que deux contrôles officiels dans les deux années qui ont précédé le drame alors qu'elle a une production particulièrement importante et dangereuse avec de la pâte crue surgelée telle quelle sans destruction des germes éventuellement présents", révèle Olivier Andrault.

"Pour nous c'est inadmissible d'avoir une pression de contrôle aussi faible", martèle-t-il.

Seul bon signe, les rappels réguliers de produits. Entre mars 2021 et février 2023, près de 6.000 références ont été concernées par des rappels sanitaires: "Cela veut dire que les professionnels sont responsables et ne veulent pas laisser sur le marché des produits qui pourraient représenter un danger", se félicite-t-il. "Là où il y a le plus de risques, c'est dans les petits commerces alimentaires, car on a un problème de formation de professionnels", prévient Olivier Andrault. Prudence reste de mise donc.

G.D.